Le véritable amant est absorbé constamment et sans relâche par l’image de l’aimé(e)”. Andreas Capellanus, l’auteur du traité De amore, l’un des premiers à mettre noir sur blanc les usages amoureux au Moyen-Âge mais aussi l’un des plus cynique et réaliste, définit dès le XIIème siècle avec cette maxime péremptoire l’une des essence de l’amour au Moyen-Âge: une adoration constante, qu’on peut appeler obsessive.
L’abondante lyrique amoureuse du Moyen-Âge présente plusieurs aspects: parfois il semble que les codes sociaux, leur symbolique ainsi qu’une rhétorique frôlant l’ostentatoire dépassent les réels sentiments; d’autres fois, sous couvert d’amour courtois, on aborde des thèmes plus épineux et les sentiments décrits ne sont que façade, ou encore, l’habilité du poète ou du compositeur prend le pas sur le sujet de son oeuvre, et l’on s’éloigne du thème de l’amour.
Cependant, une réelle adoration amoureuse anime bien des chef d’œuvres de la fin du Moyen Âge, et c’est à la recherche de cette sincérité, de la marque d’un sentiment profond et pur que nous avons construit ce programme. Nul doute que ce choix, partial, est guidé par notre propre bagage, et les passions d’autrefois nous intéressent lorsqu’elles trouvent un écho dans celles d’aujourd’hui.