Agenda

    Ouverture des portes 1 heure avant le spectacle.

     

    Environ 3h avec entracte

     

    Direction musicale : Maxim Emelyanychev
    Mise en scène : Milo Rau
    Scénographie : Anton Lukas
    Costumes : Ottavia Castellotti
    Lumières : Jürgen Kolb
    Direction des choeurs : Alan Woodbridge

    Tito : Bernard Richter
    Vitella:  Serena Farnocchia
    Sesto : Anna Goryachova
    Servilia : Marie Lys
    Annio : Cecilia Molinari
    Publio : Justin Hopkins

     

    Chœur du Grand Théâtre de Genève
    Orchestre de la Suisse Romande

     

    Un volcan qui crache, des ruines qui fument, le Capitole qui brûle, un putsch mené par un meilleur ami, non nous ne sommes pas dans le dernier thriller américain de la saison mais bien dans le dernier opéra de Mozart. Si le décor tient du blockbuster et si Mozart introduit mine de rien des éléments de style qu’il a assimilés tout au long de sa vie de compositeur, mêlant par moment le buffo au genre de l’opera seria, il faut bien dire que le livret et certains des récitatifs, que Mozart ne composa d’ailleurs pas lui-même, sont un peu rêches. Malgré quelques apparitions propagandistes du chœur, la trame reste une trame confuse de trahison plutôt chambriste où chacun des personnages oublie l’action dès qu’il se met à chanter de ses sentiments eux aussi quelque peu confus. Car malgré qu’on aime, on trahit et puis on pardonne ou on est pardonnée. Certaines et certains auraient même vu dans ce drame de palais une critique ou tout du moins un désintérêt de Mozart vis-à-vis de l’empereur Léopold II, dont le couronnement en tant que roi de Bohème servit de prétexte à la commande de La Clémence de Titus.
    Et vraiment Titus est-il clément ? C’est la question que nous pose évidemment Milo Rau, le metteur en scène suisse à l’avant-garde du théâtre documentaire, lui qui se confronte pour la première fois avec cette production à l’opéra, et plus précisément donc aux codes très codifiés de l’opera seria. Rau ne pourra s’empêcher de soulever le voile derrière ces beaux discours de pardon de souverain soi-disant éclairé. Élite intellectuelle et artistique, Titus et sa clique s’admirent et s’envoient des fleurs et des vannes les uns les autres sur leur bonté, leur œuvre et leur attitude plus ou moins utilitariste ou critique sur le monde extérieur. Depuis leurs salons d’art et de luxe, le groupe s’embourbe dans des considérations sans fin tandis que le monde extérieur est mis à feu et à sang. Chacun essaye cependant à sa manière de se sauver et tisse des relations plus ou moins privilégiées avec les masses plus ou moins soumises de l’extérieur. Est-ce que La Clémence de Titus résistera à un conte futuriste à la Mad Max ?Entre rituels chamaniques et lynchages politiques, Milo Rau et ses acolytes profiteront de cette œuvre pour continuer à interroger la violence du monde d’aujourd’hui, avec sa saga de simulacres et contrefaçons. Le jeune chef Maxim Emelyanychev, déjà très sollicité entre autres au Festival de Glyndebourne, lui prêtera main-forte à la tête de l’Orchestre de Suisse Romande et des grandes voix mozartiennes du moment. Ne citons que le Suisse Bernard Richter dans le rôle-titre.