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Récital Stéphanie d’Oustrac à Elephant Paname – Le feu aux joues et l’œil allumé ! – Compte-rendu

Bien que pour l’essentiel la carrière de Stéphanie d’Oustrac se concentre sur la scène lyrique, la pétillante cantatrice ne délaisse pas l’estrade et le plaisir procuré par les récitals. Au plus près du public, celle-ci peut, comme nulle part ailleurs, se livrer davantage, composer des programmes qui lui ressemblent et nous éclairer sur sa personnalité. Le 43ème Instant Lyrique débutait ainsi par trois poèmes de Louise de Vilmorin mis en musique par Poulenc, dont Stéphanie d’Oustrac est l’arrière petite nièce. Si ces textes sont aujourd’hui un peu datés, ils ne sont pas un obstacle pour la musicienne qui les dit et semble les prendre à son compte avec ce qu’il faut de gourmandise, de panache et de détachement. Poulenc encore, cette fois apparié à Cocteau, offre à Stéphanie d’Oustrac, un tremplin pour laisser éclater ses talents de diseuse, cette Dame de Monte Carlo désenchantée et flamboyante, rebelle et bravache traduisant un tempérament réjouissant, même si son suicide est imminent.

Trois mélodies de Debussy sur des poèmes de Baudelaire (Le jet d’eau, Recueillement et La mort des amants, extraits des Fleurs du mal) chantées d’une voix calme et voluptueuse suivaient cette sélection tout en français, avant que notre hôtesse ne regarde du côté de Ravel, d’abord avec L’enfant et les sortilèges, puis avec L’heure espagnole où soudain le timbre de la mezzo que l’on attendait apparut tout à fait dans la bouche de Concepcion (« Ah ! La pitoyable avanture »). Placé en toute fin de programme et donné après son introduction au piano, jouée avec une indispensable emphase par Antoine Palloc, l’« Air des Lettres » de Werther a confirmé combien les tourments de Charlotte convenaient parfaitement à l’instrument de Stephanie d’Oustrac, engagé et déployé pour faire vibrer les cordes sensibles.

Avec une Séguedille de Carmen rondement menée, une Périchole grivoise à souhait « Tu n’es pas beau, tu n’es pas riche », et une berceuse de de Falla, la délicate « Nana », cinquième des 7 Chansons populaires espanoles, la soirée se terminait sous les applaudissements les plus fournis.

François Lesueur
 

L’Instant donné : Récital de la mezzo-soprano Stéphanie d’Oustrac accompagné par Antoine Palloc– à Elephant Paname, le 18 mars 2019// www.concertclassic.com/recital/stephaniedoustrac

 

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