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Geneviève Laurenceau et David Bismuth au Bal Blomet – Paris 1900

Du côté des duos violon et piano, l’automne est riche en disques de musique française – ce n’est pas ici que l’on s’en plaindra. Parmi ces nouveautés, le programme « Paris 1900 » de Geneviève Laurenceau et David Bismuth qui sort chez Naïve (1) mérite un intérêt tout particulier. Chambristes fervents, les deux artistes sont des partenaires de longue date en concert, mais ils auront beauoup attendu avant de confier aux micros un premier témoignage de leur complicité : une petite merveille !

 « David et moi partageons un amour très fort pour la musique française, souligne la violoniste ; c’est un répertoire qui coule dans nos veines. Un premier disque avec des sonates françaises était une évidence. Nous avons construit notre programme autour de la Sonate n° 1 de Fauré ; nous avions envie d’illustrer l’émergence de la sonate romantique française dans la période, tellement riche pour la musique en France, qui a suivi la fondation de la Société Nationale de Musique (en 1871) – que Saint-Saëns a présidée à ses débuts. Le choix de la Sonate n° 1 de Saint-Saëns était une évidence aussi ; ce musicien est un roi de la mélodie et il est pour moi très étroitement associé au violon en raison des nombreuses œuvres qu’il a écrites pour lui – son amitié avec Pablo de Sarasate y a contribué. »
« Nous cherchions à trouver une partition plus méconnue pour tenir compagnie à Fauré et Saint-Saëns. Après avoir exploré pas mal de répertoire, nous avons eu le coup de foudre pour la Sonate de Gabriel Pierné, datée de 1900 ; une œuvre très belle, que l’on peut aimer dès la première lecture – ce fut notre cas – ou la première écoute. »

Beau panorama de la musique française pour violon et piano de la fin du XIXe siècle, le « Paris 1900 » de G. Laurenceau et D. Bismuth traduit aussi la profonde entente de ses interprètes. La violoniste décrit le travail avec son partenaire comme « extrêmement respectueux et très naturel. Nous lisons, nous jouons, nous parlons relativement peu, explique-t-elle ; le travail est toujours en mouvement, rien n’est fixé, sauf évidemment en certains points qui réclament des choix précis. L’écoute, la confiance qui règnent entre nous permettent de ne pas trop baliser le chemin. C’est important dans ces sonates françaises ;  musique très fluide et qui doit toujours le rester – en se laissant la possibilité de déborder par moment, comme le ferait un fleuve ou une rivière ».

La sortie du CD « Paris 1900 » méritait d’être célébrée dignement. Pour ce faire, G. Laurenceau et D. Bismuth ont élu le Bal Blomet, lieu on ne peut mieux adapté à la soirée qu'ils ont imaginée. Une fête musicale, amicale aussi car en plus d’extraits des Sonates de Fauré (Allegro quasi presto), Pierné (Allegretto) et Saint-Saëns (Allegretto moderato et Allegro molto), le duo a convié des collègues – le clarinettiste Pierre Génisson et la mezzo Ambroisine Bré, récent Grand Prix (2) du Concours Nadia et Lili Boulanger – pour Violon dans le soir de Saint-Saëns et un arrangement du fameux Après un rêve de Fauré pour violon, mezzo, clarinette et piano. La Danse macabre de Saint-Saëns et le Nocturne en mi bémol majeur de Hahn figurent aussi au menu d’un concert qui pourrait bien réserver quelques surprises musicales et littéraires ... En l’état, cette balade dans le Paris musical de Proust augure déjà d’un splendide moment.

Quant à G. Laurenceau, après avoir été premier violon supersoliste de l’Orchestre National du Capitole de 2007 à 2017, elle a repris sa liberté (sans pour autant couper les liens avec la phalange toulousaine, qu’elle a accompagnée récemment lors d’une grande tournée en Amérique latine). On se réjouit que les occasions d’écouter cet archet de caractère se multiplient à l’avenir, en musique de chambre (le programme « Paris 1900 » sera plusieurs fois repris), en concerto ou pour des projets plus singuliers, telle cette «Symphonie des oiseaux » (avec Shani Diluka et les Chanteurs d’oiseaux) dont le succès ne se dément pas.

Quant à la pédagogie, elle passionne G. Laurenceau et Philippe Jaroussky n’a pas manqué de faire appel à l’artiste dans le cadre de son Académie de la Seine Musicale. La prochaine session (du 11 au 15 décembre) comportera une masterclass publique de la violoniste, le 14 décembre. (3)

Alain Cochard
(Entretien avec Geneviève Laurenceau réalisé le 16 novembre 2017)

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(1) 1 CD Naïve V 5446
(2) www.concertclassic.com/article/finale-du-9eme-concours-de-chant-piano-nadia-et-lili-boulanger-confirmations-et-decouvertes
(3) academiejaroussky.org/11-15-decembre-masterclass-publiques/
 
Geneviève Laurenceau, violon ; David Bismuth, piano ; Pierre Génisson, clarinette, Ambroisine Bré, mezzo
Vendredi 1er décembre 2017 – 20h30
Œuvres de Fauré, Saint-Saëns, Pierné, Hahn ...
Paris - Bal Blomet (33, rue Blomet, 75015)
/www.balblomet.fr/events/paris-1900-genevieve-laurenceau-violon-david-bismuth-piano/
 
Site de Geneviève Laurenceau : genevievelaurenceau.com/
Site de David Bismuth : davidbismuth.com/

Photo Geneviève Laurenceau & David Bismuth © Rémi Rière

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