S’il a débuté le piano très tôt à l’âge de cinq ans et brûlé quelques étapes, le séduisant Cédric Tiberghien n’en a pas moins décidé depuis quelques années de prendre son temps. Sa carrière internationale florissante qui l’a conduit à parcourir les cinq continents, avec moult représentations aussi bien aux États-Unis qu’au Japon, ne l’empêche pas de revenir à ce qui lui semble essentiel, et notamment à la relation intime qu’il entretient avec certaines pièces du répertoire comme le Concerto n° 3 pour piano et orchestre en ré mineur op. 30 de Sergueï Rachmaninoff. Loin de toute démonstration, il se montre soucieux de prendre de la hauteur et de trouver le juste dosage entre virtuosité, intériorité et invention. Peut-être est-ce pour lui la meilleure façon d’aborder cette oeuvre très populaire, mais qui présente une facture ample et dont l’interprétation n’est pas sans risque ? Avec sa technique particulière, il se rapproche de certains de ses modèles, Arthur Rubinstein bien sûr, mais aussi Alexis Weissenberg, dont il disait récemment que ses interprétations des concertos de Rachmaninoff “n’ont été guère dépassées”. Une manière peut-être de se confronter à son propre idéal pianistique.