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    « Je m’en vais. Me suis-tu ? Je vais là-haut, je m’en retourne à ma montagne. On est tout près du ciel, tout près des astres, et loin des hommes ! Me suis-tu ? »

    Tiefland, Acte I scène 10

    Un chef-d’œuvre méconnu
    Tiefland est l’un de ces chefs-d’œuvre marquants de l’histoire de l’opéra que la France a injustement délaissés. Composé au tout début du XXe siècle, il est un peu l’équivalent allemand du vérisme italien (Cavalleria rusticana de Mascagni, Paillasse de Leoncavallo, La Bohème ou Tosca de Puccini…) et du naturalisme à la française (La Navarraise de Massenet, Louise de Charpentier). Il partage avec tous ces ouvrages le souci de réalisme de l’histoire, sa simplicité, ses personnages humains, populaires, et une musique qui a su faire son miel de l’héritage wagnérien. Émotions et beauté musicale sont à l’œuvre de bout en bout de cette partition fulgurante.

    Eugen d’Albert (1864-1932)
    Pianiste et compositeur allemand d’origine française, Eugen d’Albert naît à Glasgow (Écosse) et fait ses études à la National Training School de Londres où il révèle très tôt un don certain pour le piano. Alors qu’Anton Rubinstein lui prédit un succès mondial, le jeune homme de seize ans part pour Vienne, Weimar, Berlin, où ses interprétations de Bach et Beethoven font date. Il devient alors l’élève de Liszt et confirme sa notoriété de pianiste le plus talentueux de sa génération. Se consacrant également à la composition et à la direction d’orchestre, d’Albert est nommé, en 1907, directeur de la Hochschule für Musik de Berlin. Se présentant comme une forme d’assimilation brillante et inspirée des différents langages européens, son style compositionnel intègre ainsi l’écriture contrapuntique de l’école allemande, la mélodie continue et l’usage des leitmotive hérités de Wagner, autant que l’esthétique vériste de ses confrères italiens. Auteur d’œuvres symphoniques et vocales, de nombreux lieder et d’une vingtaine d’opéras, Tiefland demeure son plus célèbre opus.

    Une nouvelle production réaliste et poétique à la fois
    Pour cette nouvelle production, Walter Sutcliffe (metteur en scène il y a deux saisons ici même d’un superbe doublé Britten avec Le Tour d’écrou et Owen Wingrave) a choisi de montrer l’ambivalence de cette « terre basse », la vallée où la société, même en miniature, se donne à voir avec toutes ses compromissions et ses bassesses, tandis que la montagne, plus haut, celle du berger Pedro, reste encore le symbole d’un monde de pureté.

    Un cast international
    Pour interpréter ces personnages forts et exigeants, tant scéniquement que vocalement, le plateau vocal réunit une pléiade de chanteurs internationaux habitués des plus grandes scènes lyriques actuelle : Nikolaï Schukoff, habitué des rôles dramatiques (et que nous avons pu admirer il y a trois ans dans Cavalleria rusticana justement) sera Pedro, ce brave berger un peu dépassé par les manigances et les arrière-pensées de la société, qu’il fuit autant que faire se peut en se réfugiant avec ses troupeau dans les hauteurs de la montagne. Pour incarner Marta, la maîtresse soumisse du notable désargenté, la jeune Meagan Miller, jeune soprano spécialiste des rôles de Wagner (Sieglinde, Senta, Brünnhilde) et de Strauss (Ariane, Daphné), fera pour l’occasion ses débuts français. Le potentat local, Sebastiano, sera quant à lui interprété par Markus Bruck, le Macbeth, le Rigoletto, le Wolfram du Deutsche Oper de Berlin.

    PMR : 05 61 22 31 31