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    On oublie trop souvent que la danse est avant tout une respiration. Avec Scandale, c'est de celle-ci que part Pierre Rigal, comme pour nous rappeler que le souffle est la base de l'expression du corps, et par-là l'origine de tout ce que nos êtres peuvent dégager.

    Un chaman musicien à la présence ensorcelante, et six danseurs hip-hop : de ce mélange intrigant nait une envoûtante cérémonie, où le souffle se fait musique, où la parole et les cris se font rythme, et où le corps se laisse posséder et manipuler par ce que bâtit le groupe. Comme une ode à une jeunesse qui affirme sa présence en inventant son propre langage, Scandale pose alors la question du mot et de l'origine de la parole, du besoin de dire par tous les moyens, de la nécessité de s'imposer ou de s'effacer. Les corps apparaissent, disparaissent, se fragmentent, portent et se laissent porter, s'immobilisent ou entrent ensemble dans une transe dont on ne sait jamais vraiment expliquer l'origine, si ce n'est qu'elle vient de l'intérieur. C'est ce bouillonnement du dedans, qui jaillit quand il ne nous est plus possible de le domestiquer. Comme un besoin irrépressible de hurler sa liberté.