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    MARTIAL SOLAL

    Le récital-évènement du grand pianiste de jazz français

    Entre la Salle Gaveau et Martial Solal il existe déjà une histoire fameuse et c’est donc une sorte de « retour à Gaveau ».

     
    Martial Solal a donné en effet Salle Gaveau les 3 mai 1962 et 11 décembre 1963 des concerts restés  fameux, en Trio avec Daniel Humair et Guy Pedersen, sous le titre « Jazz à Gaveau ». Enregistrés et publiés en disques, ces concerts ont été réédités constamment depuis, sous tous les formats, et ils sont aujourd’hui disponibles sur les plateformes de musique en ligne.    

    Le label JMS Distribué par PIAS fera paraître en novembre 2018 un nouvel album solo de Martial Solal, intitulé « Histoires improvisées ».

    Martial Solal Improvisateur par André Hodeir

    Les récitals de piano de Martial Solal se distinguent par la spécificité du programme, puisqu’il s’agit de récitals d’improvisation conçus aÌ partir de thèmes de jazz appartenant au répertoire courant – ceux qu’on appelle « standards » - revisités par un maitre de l’expression musicale spontanée.

    La première constatation, la plus évidente, est la marque personnelle qu’imprime l’artiste aÌ sa production. Aucune erreur d’identification n’est possible : on sait que c’est Solal. Pas seulement Solal jouant de l’Ellington ou du Gershwin – ou, plus exactement, par-dessus Ellington ou Gershwin- mais Solal se jouant lui-même, aussi reconnaissable dans le non-écrit que le serait une page de Chopin ou de Scarlatti.

    Ensuite il y a le degré de perfection que le virtuose atteint dans cet exercice qu’il s’impose. Une technique instrumentale, qu’admirent plus d’un concertiste « classique », est mise au service d’une discipline intellectuelle rare chez un improvisateur. Les ressources du piano sont inventoriées, l’instrument est exploré de fond en comble.

    Et puis encore, l’imagination sans cesse aÌ l’affût, l’inventivité. A l’inverse de Thelonius Monk, qui tirait parti de ses insuffisances pianistiques et visait aÌ l’épure par la réduction du matériau, Solal, servi par des doigts infatigables, repousse les limites de la paraphrase, cultive la diversité et introduit la profusion. Sa vitesse de pensée, peu commune (même parmi les grands improvisateurs), lui permet d’élaborer, au fil du discours, tout un peuple de figures inattendues, elles-mêmes génératrices d’autres figures. 

    On pense à ces films d’animation de Norman Mc Laren dans lesquels, nés d’un simple cercle ou rectangle, les objets les plus étranges envahissent l’écran, par un processus d’auto-engendrement, en une prolifération indéfinie. Du thème traité, Solal révèle, ici et laÌ, des aspects cassés, tronqués, dispersés, qu’il donne aÌ voir dans des miroirs brisés, souvenirs des premiers tableaux cubistes. Rien ici n’est gratuit, les plus folles digressions sont fermement contrôlées. 

    Martial Solal apparait aÌ tel point improvisateur, pur créateur de l’instant, qu’il est tout preÌs de réaliser ce type d’ »improvisation composée » auquel rêvaient le Stravinski de Petruchka, le Debussy de Jeux et le Schoenberg des Cinq Pièces. Les accidents et les illuminations de ses parcours pianistiques font de lui, actuellement, le premier compositeur de jazz dans le monde."