Agenda

    1. ( interprète )
      Scylla
    2. ( ténor )
      Glaucus
    3. ( soprano )
      Circé
    4. ( soprano )
      Dorine, Vénus
    5. ( mezzo-soprano )
      Témire, Amour
    6. ( interprète )
      Hécate, Chef des Peuples
    7. ( direction musicale )
    Programme :
    1. Scylla et Glaucus

    On fête Rameau en cette année 2014, mais c’est également le 250e anniversaire de la disparition de Jean-Marie Leclair (Lyon 1697 – Paris 1764), mort assassiné de trois coups de poignard, rejoignant le maître au tombeau à quelques mois de distance seulement. 
    Violoniste de génie, Leclair, pur produit du XVIIIe siècle, fut au croisement des styles : il passa en effet six années en Italie et autant à Amsterdam, cultivant un art virtuose mêlant les mélodies à la française et la virtuosité italienne, issue de Corelli et Vivaldi. C’est à 49 ans qu’il entreprend sa première (et unique) tragédie lyrique, Scylla et Glaucus, créée à l’Académie Royale de Musique en 1746, et qui connut 17 représentations et un grand succès. Rameau, son aîné de 15 ans, a déjà révolutionné l’opéra français, et sa trace est évidente dans le style de Leclair, comme dans celui de ses contemporains Mondonville (autre violoniste qui a créé la même année son premier opéra) ou Royer (Pyrrhus recréé à Versailles en 2012). Leclair trouve cependant sa propre voie : l’écriture globale est moins complexe que celle de Rameau, plus directe pour atteindre les buts dramatiques qu’il s’est fixés, et la virtuosité de l’orchestre est de bout en bout le moteur de l’œuvre.

    Un trio de solistes mêlant Héros, Amoureuse et Sorcière, dans la plus grande tradition française, lui permet de somptueux numéros d’épanchements sentimentaux, comme d’effroyables scènes de fureur et de terreur, dans lesquelles l’orchestre aux traits musclés joue un rôle éblouissant. La nymphe Scylla se refusant à Glaucus, celui-ci demande à la magicienne Circé de l’appuyer dans sa conquête amoureuse. Mais la sorcière s’éprend de lui, et va conduire à la perte des amoureux. Chœur et orchestre sont les magnifiques commentateurs de cette tragédie des sentiments mêlée de fantastique. Véritable chef-d’œuvre, Scylla et Glaucus laissa une marque forte dans l’opéra français, mais ne fut redécouvert que dans les années 80 (Gardiner à Lyon). Il mérite de revivre aujourd’hui à Versailles, et qu’un enregistrement dans la collection Alpha – Versailles fixe le résultat de cette recréation menée par Sébastien d’Hérin, fin connaisseur de Rameau et son époque (son enregistrement récent des Surprises de l’Amour de Rameau a reçu des éloges mérités).

    Il s’entoure de grands interprètes, dont l’amoureux duo prometteur d’Anders Dahlin et Emöke Barath, pour une résurrection de ce que le grand musicologue Girdlestone considère comme “probablement, avec ceux de Rameau et Gluck, le meilleur opéra français du siècle”.