Intitulée Intent on Resurrection-Spring or Some Such Thing, la nouvelle pièce de Clara Iannotta s’inspire de la lecture des poèmes de Dorothy Molloy. Chez cette écrivaine irlandaise, morte d’un cancer à l’âge de soixante-deux ans, la compositrice a reconnu une « insistance sur la présence physique » qui lui est chère : « la musique, dit-elle, doit être vécue aussi à travers les yeux ». La corporéité des sons, c’est ce que n’a cessé d’explorer Helmut Lachenmann, dans sa quête d’une « musique concrète instrumentale ». Ses Concertini de 2005 proposent des « solos » pour résonances ou un « concerto de grattements ». Comme dans les oeuvres tardives de Luigi Nono – dont Lachenmann fut l’élève –, les sonorités sont travaillées dans leurs plus infimes détails : dans l’Omaggio qui lui est dédié, les phonèmes du nom de Kurtág se prolongent à travers les bruissements des instruments qui restent comme interrompus et suspendus dans l’espace (come interrotto sospeso, écrit Nono sur la partition).