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    Que serait Berlin sans ses orchestres ?  Le quotidien musical de cette ville n’a guère d’équivalent en Europe – sinon à Londres – tant l’offre est d’une variété et d’une qualité exceptionnelles. Parmi les formations d’élite dont s’enorgueillit la capitale allemande figure le Deutsches Sinfonie-Orchester Berlin. Né en 1946 de la partition de la ville par les Alliés, initialement attaché à la radio du secteur américain (RIAS), il fut confié à ses débuts à la baguette du célèbre chef hongrois Ferenc Fricsay. À l’unification des trois secteurs, il prit le nom de Radio-Symphonie-Orchester Berlin, et Lorin Maazel, Riccardo Chailly, Vladimir Ashkenazy succèdèrent à Fricsay. Un dernier changement de nom eut lieu à l’unification de l’Allemagne, afin d’éviter toute confusion avec l’autre RSO, situé à Berlin-Est. Le DSO nous vient avec son nouveau chef principal, l’Anglais Robin Ticciati, en compagnie de la violoniste norvégienne Vilde Frang – que nous avons tant appréciée la saison dernière à l’Auditorium dans le Premier Concerto de Bartók. Cette fois-ci, place à Beethoven dont l’unique concerto pour violon marque une étape majeure : jamais le genre du concerto n’avait offert au violon une partie soliste d’une telle expressivité, tout au long de la partition et dans toute la tessiture de l’instrument. Ne serait-ce d’ailleurs pas cette nouveauté qui est annoncée par les coups de timbales initiaux ? Pour aller à la rencontre d’un orchestre, toutefois, rien de mieux que la célèbre Symphonie du Nouveau Monde, composée par Dvoøák alors qu’il était en poste à New York. Des thèmes immédiatement reconnaissables (notamment pour avoir été transformés en refrain de chanson par Gainsbourg !), une magnifique science de l’orchestre, tout concourt à mettre en valeur la phalange allemande ! Non sans quelques ombres ; dans cet hymne à l’Amérique où il imita des chants d’Indiens, le compositeur tchèque ne peut cacher la nostalgie qu’il a de son pays natal.