Poursuivre l’oeuvre monumentale de son père tout en affirmant sa propre personnalité, suivre l’évolution des pratiques
musicales d’un XVIIIème siècle finissant en ébullition, tels furent les défis relevés par Carl Philipp Emanuel Bach.
En quatre volets, l’Orchestre d’Auvergne lui rend ici hommage, avec deux symphonies, un concerto pour violoncelle, et
une pièce plus inattendue pour orchestre, flûte et harpe de H. W. Henze.
Interprète, pédagogue, compositeur inventif et cultivé, Carl Philipp attendit 53 anniversaires pour réaliser pleinement
sa carrière musicale dans la ville de Hambourg. Libéré du pesant protocole de la cour de Berlin, il inventa des procédés
d’écriture très personnels, permettant à l’auditeur de reconnaître aisément sa griffe : brusques interruptions dans les
dynamiques et les tempi, connexion de mouvements sans pause, troisièmes mouvements à la conventionalité exagérée
signent la totalité de ses oeuvres.
C’est à la demande et à l’attention du Baron van Swieten qu’il composa librement six grandes symphonies pour
orchestre, sans tenir compte des inévitables difficultés d’exécution. On pria Reichardt de les exécuter au violon devant
le compositeur inquiet. Sans vraiment les comprendre, on écouta avec ravissement des idées au déroulement
audacieux, des formes et des modulations surprenantes et d’une infinie variété. Originalité et audace signent
également le concerto pour violoncelle: le premier mouvement est très vif, riche en contrastes, exigeant en virtuosité,
le second mouvement, Largo, tranche par son caractère sombre et lyrique et ses amples phrases, le final Allegro Assai
termine l’oeuvre sur une touche plus légère et conventionnelle. Loin de tomber en désuétude, la musique et l’énergie de
C. P. E. Bach séduisent encore de nos jours ; Hans Werner Henze, né en 1926, en témoigne, en instrumentant pour
flûte, harpe et orchestre une fantaisie pour clavier et violon, mettant selon ses propres mots « toutes ses forces pour
écrire avec simplicité ».