Journal

Youri Temirkanov et le Philharmonique de Saint-Pétersbourg - Le goût de l’authentique - Compte-rendu

Fidèle au Théâtre des Champs-Elysées, Youri Temirkanov et l’Orchestre Philharmonique de Saint-Pétersbourg (dont le maestro est directeur musical depuis près de vingt-cinq ans) font de chacune de leurs apparitions un moment festif. Les deux concerts consacrés à Prokofiev et Tchaïkovski n’ont pas dérogé à la règle.

Dans le Concerto pour violon et orchestre n°2 op 36 de Prokofiev, le Russe Boris Belkin se montre à la hauteur de l’enjeu. Sa sonorité pleine et fine, son archet élégant et une sûreté technique de tous les instants font mouche, faisant oublier parfois une certaine neutralité de conception. L’accompagnement de Temirkanov, subtil, attentif, nuancé, offre un écrin de toute beauté au soliste. Dans les extraits des Suites n°1 et 2 de Roméo et Juliette, le lyrisme et la poésie comme la progression dramatique sont servis par une direction lumineuse et implacable qui témoigne d’un art abouti de la narration (Roméo au tombeau de Juliette) et de la « mise en scène » (La Mort de Tybalt). Les deux bis (un extrait de Cendrillon et un ludique arrangement du Tango d’Albéniz par Rodion Shchedrin) détendent l’atmosphère après ces instants de tension orchestrale.

Le lendemain, Nikolaï Demidenko aborde le 3ème Concerto pour piano de Prokofiev ; rien ne peut troubler sa maîtrise et son autorité. Percussif sans être brutal, d’une efficacité qui n’interdit pas la douceur, son exécution précise, servie par un orchestre aux sonorités raffinées, tient de l’évidence. Avec la 4ème Symphonie de Tchaïkovski, les musiciens pétersbourgeois sont dans leur élément, chauffés à blanc et délivrant une interprétation électrique, puissante et virtuose (impressionnants pizzicati du Scherzo !). Pour conclure sur une note légère, le Salut d’amour d’Elgar et un extrait de Pulcinella de Stravinski (superbe contrebasse soliste), attestent de la qualité de cordes d’une onctuosité et d’une profondeur inimitables.

Michel Le Naour

Paris, Théâtre des Champs-Elysées, 17 et 18 novembre 2012

> Vous souhaitez répondre à l’auteur de cet article ?

> Lire les autres articles de Michel Le Naour

Photo : DR
 

Partager par emailImprimer

Derniers articles