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« Voyages » par les solistes de l’Orchestre National d’Île-de-France – Horizons inattendus – Compte-rendu

Belle surprise que le programme « Voyages » proposé par les solistes de l’Orchestre National d’Île-de-France. Profitant de la thématique « Contes et récits » du week-end de la Philharmonie de Paris, les musiciens ont imaginé, avec la complicité d’Edouard Signolet, un concert mêlant les partitions à des textes de Céline, Melville et Baudelaire confiés à Julie Depardieu. Choisis par le metteur en scène, ils créent un fil conducteur entre des ouvrages rares et inattendus signés Pierné, Fujikura, Takemitsu et Jolivet. Programme pas très « vendeur » sur le papier diraient certains ? Quasi comble, le Studio de la Philharmonie leur répond que le pari sur la curiosité vaut mieux que celui sur la paresse des habitudes.

Voyage au pays du Tendre (1935) de Gabriel Pierné : vrai régal pour l’amoureux de musique française que ce quintette pour flûte, harpe, violon, alto et violoncelle inspiré de la carte du Tendre de Mlle de Scudéry, d’autant que les interprètes (Sabine Raynaud, Florence Dumont, Domitille Gilon, David Vainsot et Raphaël Unger) lui rendent pleinement justice, rivalisant d’esprit, d’engagement (très beau solo Quasi recitativo du violoncelle de R. Unger dans Soumission), de raffinement dans les coloris, à commencer par la flûtiste S. Raynaud.

Celle-ci change totalement d’atmosphère ensuite et s’empare de la flûte basse pour Glacier de Dai Fujikura (compositeur en résidence à l’ONDIF depuis la rentrée dernière), brève pièce en solo dont elle cultive toute l’étrangeté. Avec Toward the Sea (pour flûte, alto et harpe) de Toru Takemitsu, triptyque directement inspiré de Moby Dick, les trois interprètes jouent habilement sur les timbres, entre fusion et individualisation, mettant une fois de plus valeur le sens poétique de S. Raynaud. Il s’affirme enfin, avec une rare ferveur, dans le Chant de Linos d’André Jolivet dont tous les musiciens soulignent l’envoûtante puissance.

Prochain concert de musique de chambre des musiciens de l’ONDIF, pas moins alléchant, le 3 février à Alfortville, qui réunit la Sérénade op. 10 de Dohnanyi, le Divertimento pour trio à cordes de Berio et le Quintette à cordes op. 111 de Brahms. (1)

Alain Cochard

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(1) www.orchestre-ile.com/saison.php?id=597&saison=26&lang=fr
Philharmonie de Paris, Studio, 16 décembre 2018
 
Photo © DR

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