Journal

Valery Gergiev et le l’Orchestre du Théâtre Mariinsky - Eclatant et monumental – Compte-rendu

 Les trois derniers concerts de l’intégrale des Symphonies et Concertos de Chostakovitch, Salle Pleyel, confirment la proximité qu’entretiennent Valery Gergiev et son Orchestre du Théâtre Mariinsky avec la musique du compositeur soviétique.

Le chef maîtrise en effet avec un engagement total l’univers épique, narratif, grandiose des Symphonies n° 7 « Leningrad », n° 11 « 1905 » ou n° 12 « à la mémoire de Lénine », manifestant un sens inné de la dramaturgie, des contrastes dialectiques, comme si sa propre vie était constamment mise en danger. Moins démonstrative, la Symphonie n° 8 appelle davantage d’intériorité et de profondeur. Malgré une mise en place sans faille et un orchestre investi où les basses créent un véritable tapis sonore, ce grand poème symphonique déchirant manque quelque peu de tension (Adagio-Allegro non troppo initial, Largo ) mais retrouve ses marques dans l’énergie et la violence de l’Allegretto final, où les percussions et les timbales rivalisent de puissance cataclysmique.
 
Dans le Concerto n° 2 pour violon (1967), la jeune soliste russe Alena Baeva, sourire aux lèvres, triomphe des difficultés de la partition avec une aisance d’archet, une finesse d’intonation et une virtuosité qui oublie même la beauté pure au nom d’une agressivité d’ailleurs voulue par Chostakovitch. Pour sa part, Vadim Repin, lors de la dernière soirée, démontre dans le Concerto n°1 (1955), également dédié à David Oïstrakh, un sens immédiat du dialogue avec les musiciens, manifestant une finesse de sonorité et une totale liberté d’exécution (Nocturne initial), une souplesse démoniaque (Scherzo), une qualité de ligne (Passacaille) et un élan ravageur dans la coda du dernier mouvement aux allures de fête populaire (Burlesque).
 
Trois grands moments de musique somme toute, témoignage de la personnalité hors du commun de Gergiev qui a réussi, par son charisme et son travail acharné, à faire en vingt-cinq ans de sa phalange pétersbourgeoise une formation de très haut niveau, capable de rivaliser avec les meilleures et d’affronter sans mollir les fresques les plus monumentales.
 
 
Michel Le Naour
 
Paris, Salle Pleyel, 16, 17 et 18 février 2014

Photo © DR

Partager par emailImprimer

Derniers articles