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Trois œuvres d’Unsuk Chin à la Maison de la Radio - Tranparences et virtuosité - Compte-rendu

Chin Unsuk

Le Festival d’automne célèbre cette année la compositrice Unsuk Chin. Native de Séoul, elle est installée depuis longtemps à Berlin et ses œuvres sont régulièrement jouées à travers le monde. Le premier concert de cette rétrospective le montre, avec trois œuvres pour orchestre, avec ou sans soliste, commandées et crées par des orchestres de trois continents : Europe, Amérique et Asie.

Pour autant, il ne faut pas chercher dans ces œuvres un écho de traditions musicales exotiques. Si une œuvre comme Rocaná (2008), qui ouvrait le concert, fourmille de références, c’est à l’héritage de la création musicale européenne du 20e siècle qu’elle emprunte. Si Unsuk Chin a développé auprès de György Ligeti, dont elle a été l’élève à Hambourg, une écriture rythmique, cinétique très poussée, on entend ici davantage l’ombre de Berio (pour la continuité du flux musical et pour l’impact sonore), Boulez parfois (pour l’orchestration) ou encore Grisey (pour les moments de tension générés par les timbres).

Avec le Concerto pour piano, une œuvre plus ancienne (1997), l’approche est en revanche franchement rythmique, voire mécanique, une sorte d’anti-concerto où le soliste est constamment pris dans les trames de l’orchestre, sentiment que renforce le jeu retenu du pianiste Sunwook Kim.

Composé en 2008, le Concerto pour violoncelle est beaucoup plus personnel, tout en contrastes et d’atmosphères très variées. Le discours musical est mené tout au long des quatre mouvements par le soliste, tantôt élégiaque, tantôt incisif (dans le second mouvement en particulier, qui s’ouvre sur un magnifique dialogue du violoncelle et des percussions), qui entraîne l’orchestre comme une ombre. Le jeune violoncelliste Isang Enders (27 ans) s’y est montré remarquable, tant pour la conduite du discours que pour la finesse des timbres. Tout aussi virtuose, l’Orchestre philharmonique de Radio France, dirigé par Kwamé Ryan, a quant à lui parfaitement restitué les transparences orchestrales d’Unsuk Chin.

Jean-Guillaume Lebrun

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Paris, Maison de la Radio, 9 octobre 2015.

Prochains concerts autour d’Unsuk Chin dans le cadre du Festival d’automne le 27 novembre 2015 à la Cité de la musique – Philharmonie 2. www.festival-automne.com

Photo © Priska Ketterer

 

 

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