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​Tomás Netopil et Seong-Jin Cho avec l’Orchestre de Paris – Chaud et froid – Compte-rendu

Moins connu que d’autres chefs tchèques, Tomás Netopil (né en 1975) est directeur musical du Aalto-Musik Theater et de la Philharmonie de Essen depuis la rentrée 2013. Régulièrement invité par l’Orchestre de Parisse montre chaque fois à la hauteur de l’enjeu. Précis, clair dans sa gestique, il sait aussi lâcher la bride tout en livrant des interprétations sensibles.
 Avec la suite symphonique de La Petite Renarde rusée de Janacek (réalisée par Sir Charles Mackerras), il parle dans son arbre généalogique. Un Orchestre de Paris des meilleurs jours fait entendre, sous sa baguette, des inflexions, une alacrité, une qualité de timbre qui appartiennent d’habitude aux formations d’Europe centrale.
 
On attendait beaucoup de l’interprétation du Concerto n° 1 de Chopin par le dernier vainqueur du Concours de Varsovie, le Coréen Seong-Jin Cho (né en 1994). Belle performance digitale, mais hélas le sens de la ligne et la poésie échappent à ce jeu parfait et sans âme. Seul un peu d’abandon dans le mouvement lent laisse espérer qu’avec l’âge ce pianiste doué fera davantage preuve d’imagination, en particulier dans des œuvres qui ne souffrent pas la tiédeur. Le Clair de lune de Debussy donné en bis ne modifie guère notre jugement ; trop de sophistication et une immobilité qui tient plus du narcissisme que de la subtilité debussyste. Heureusement, Tomás Netopil possède couleur, modelé et manière belcantiste dans l’accompagnement de l’Opus 11, avec un rien de surcharge toutefois.
 
En seconde partie, Ainsi parlait Zarathoustra manifeste une transparence et une absence de grandiloquence servies par des instrumentistes de haut vol. Chaque épisode du poème symphonique straussien est narré avec naturel et souplesse dans les transitions, ce qui n’interdit ni la puissance ni le souffle au moment des climax. Une soirée à mettre au crédit d’un chef digne de tous les éloges.
 
 
Michel Le Naour

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Paris, Philharmonie, Grande Salle Pierre Boulez, 9 février 2017
 
Photo © tomasnetopil.com

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