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Teresita Gómez et Alphonse Cemin au Théâtre de l’Athénée – Lumineuse complicité – Compte-rendu

Elle a fêté en février dernier à Bogotá ses soixante ans de vie artistique : grande figure de la scène musicale colombienne, la pianiste Teresita Gómez (photo) reste bien méconnue du public français et l’on sait gré au Balcon de l’avoir conviée à Paris lors du concert de clôture du « week-end colombien » récemment proposé au théâtre de l’Athénée. Pianiste attitré du Balcon, Alphonse Cemin était au côté de l’artiste colombienne pour un programme mêlant des interventions en solo (dont pas mal d’ouvrages colombiens méconnus chez nous) et du quatre mains.

Alphonse Cemin © DR

Les Pre y post variaciones sobre « Chaflán » de Gustavo Yepes, ouvrage de facture relativement classique, ouvrent le concert et mettent d’emblée en valeur la qualité de toucher et la musicalité rayonnante de T. Gómez, que l’on entend ensuite dans pièces plus typées signées Adolfo Mejía (Bambuco en si minor), Luis Antonio Calvo(Lejano azul, Malvaloca) ou Jorge Andres Arbelaéz dont, outre Contra las piedras, la pianiste interprète Doña Tere, morceau qui lui est dédié – un hommage à une femme au caractère à l’évidence bien trempé ! Dans tous les cas, le chic, le sens du rythme, le lyrisme intense – mais toujours dénué de sentimentalité facile – font merveille. L’oreille part en voyage ... Quant au Bambuco sotareño d’Antonio María Valencia que T. Gómez devait initialement jouer, elle l’a finalement confié à A. Cemin, qui s’acquitte de cette tâche avec autant de peps rythmique que d’imagination sonore.
 
L’ouverture à la création du « week-end colombien » s’illustre aussi au cours de son dernier volet avec la première d’une pièce à quatre mains de la compositrice colombienne Natalia Valencia Zuluaga (née en 1976) : El pozo y los pajaros (Le puit et les oiseaux), composition tout à la fois figurative et poétique, entre ancrage terrestre et envol, qui souligne la belle entente de T. Gómez et A. Cemin. Après deux Nocturnes (op. 27 n°1 et op. 9 n°2)  de Chopin, conduits avec qu’il faut d’abandon et de mélancolie par la pianiste colombienne, puis – car l’on ne craint pas les contrastes accusés au Balcon – les Notations de Boulez, saisies avec une formidable acuité par A. Cemin (que, décidément, l’on voudrait entendre plus souvent en soliste !), les deux pianistes se retrouvent dans Ma mère l’Oye. On fond de bonheur devant la simplicité de ce Ravel et la lumineuse complicité de ses interprètes ...
 
Alain Cochard

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Paris, Athénée Théâtre Louis-Jouvet, 8 octobre 2017

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