Journal

Tatiana Samouil et David Lively au Festival Radio France Occitanie Montpellier – Feu et caractère – Compte-rendu

Trois jours après Geneviève Laurenceau et David Bismuth (1), un autre duo violon-piano a rendez-vous sur la scène de la salle Pasteur dans un programme de couleur Mitteleuropa. D’origine russe, formée à Moscou, à Bruxelles et à Madrid, encouragée par Youri Bashmet, Tatiana Samouil (photo) est aujourd’hui installée en Belgique. Chambriste fervente, elle est le premier violon et la fondatrice du Quatuor Malibran et, dans sa discographie déjà très riche, on relève un récital français au côté de David Lively (Indésens).(2)

© Matsas

David Lively © Matsas

Les inoxydables Danses populaires roumaines de Bartók montrent d’entrée de jeu un profond sens de la couleur et des caractères de la part d’un archet qui trouve toujours chez D. Lively la réponse appropriée. Parfaite entente qui se vérifie dans la Sonate n° 3 « Dans le caractère populaire roumain » d’Enesco dont le duo signe une interprétation idéale de souplesse, de liberté et d’imagination sonore. Ainsi conçu, l’Opus 25 se révèle dans toute sa plénitude, vaste et panthéiste poème empli de fragrances, de bruits de nature, de mystère aussi (splendide mouvement central !).

La Rhapsodie sur un thème moldave de Weinberg qui suit participe d’une humeur ouvertement folklorique et nos deux complices emportent l’affaire avec une virtuosité volubile et joyeuse. L’engagement, le plaisir du partage appartiennent tout autant à l’Impromptu concertant en sol bémol majeur d’Enesco, brève et fluide transition vers le Tzigane de Ravel. Totalement dominée, cette pièce fameuse ne verse jamais dans quoi que ce soit de gratuitement spectaculaire. Le jeu de D. Lively parvient à « cymbalumiser » l’accompagnement comme il le faut dans une interprétation toute de feu et de caractère.

Intelligence, virtuosité et sensibilité ne font qu’une chez Tatiana Samouil. Les Airs bohémiens de Sarasate, d’un chic fou, le confirment en premier bis, avant que la Méditation de Thaïs, toute de poésie décantée, ne conclue un généreux concert. Puisse ce beau duo vite se reformer dans d’autres salles !

Alain Cochard

logo signature article

(1) www.concertclassic.com/article/david-bismuth-et-genevieve-laurenceau-au-festival-radio-france-occitanie-montpellier-poesie
(2) Profitons en pour rappeler la sortie en début d’année d’un magnifique récital américain de David Lively ( « I Got Rythm », 1CD La Música LMU01), salué dans nos colonnes par un Disque de la Semaine : www.concertclassic.com/article/i-got-rythm-par-david-lively-le-disque-de-la-semaine

Photo © Rui Moreira
 
 Montpellier, Le Corum, Salle Pasteur, 21 juillet 2018

Partager par emailImprimer

Derniers articles