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Street Scene au Châtelet - Le chant du cygne de Kurt Weill

Kurt Weill a beau s’en défendre en qualifiant Street Scene de « comédie musicale dramatique », il pensait bien en écrivant son dernier chef-d’œuvre (1947) pour la scène à un grand opéra américain, à l’instar du Porgy and Bess de Gershwin, son modèle inavoué. Olin Downes, le fameux critique du New-York Times, ne s’y était pas trompé, en écrivant que Street Scene représentait « un pas décisif vers un authentique drame musical américain».

L’œuvre est fascinante autant par la mixité des genres musicaux qu’elle produit que par son intensité dramatique constant où s’assume un réalisme sans fard. Car Weill a réalisé au travers de portraits humains saisissants celui d’une rue de Harlem ; image d’une ville étouffée par la canicule où drame et comédie se mêlent inextricablement. Que l’on n’envisage pas Street Scene comme un musical. Avec son écriture savante, son lacis de références, son orchestre explosif, sa dramaturgie percutante, cette partition inclassable tourne résolument le dos à Broadway.

Pour faire découvrir au public français une œuvre hors du commun, le Théâtre du Châtelet importe le spectacle sobre, efficace, coproduit par The Opera Group et le Watford Palace Theater, l’assortissant d’une troupe brillante et d’un chef rompu à ce répertoire, l’excellent Tim Murray, que l’on retrouve à la tête de l’Orchestre Pasdeloup. Espérons que le public parisien reproduira pour l’opus ultimum de Weill l’accueil triomphal qu’il a réservé tout récemment à West Side Story.

Jean-Charles Hoffelé

Weill : Street Scene
Du 25 au 31 janvier 2011
Paris - Théâtre du Châtelet

> Réservez vos places pour le 25 et le 29 janvier 2013

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Photo : Young Vic Theatre © Alastair Muir
 

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