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Stabat Mater de Pergolèse par Mari Eriksmoen et Andreas Scholl au Festival de Beaune –Un classique renouvelé – Compte-rendu

Le Stabat Mater de Pergolèse a cette particularité de n’avoir jamais connu d’éclipse dans sa renommée depuis sa création en 1735 (un an avant la disparition du compositeur à l’âge de 26 ans). L’œuvre figurera par la suite régulièrement au concert, dont le Concert Spirituel de Paris de 1753 à 1790, pour ne jamais cesser d’être interprétée (à l’occasion dans des arrangements) du XVIIIe siècle jusqu’à nos jours : cas quasi unique dans la musique dite baroque ! La structure de l’œuvre, pour deux seules voix solistes (soprano et contralto, sans doute des castrats, pour sept duos et cinq solos) accompagnées d’un instrumentarium réduit, l’explique certainement, mais aussi son inspiration, directement accessible dans sa légèreté tendre et mélancolique.

Mari Eriksmoen & Andreas Scholl © Jean-Claude Cottier
 
Au Festival de Beaune, Andreas Scholl, contre-ténor au faite de sa réputation et présent à Beaune depuis 25 ans, a choisi d’y revenir. Il est secondé par Mari Eriksmoen, jeune soprano venue de Norvège qui participe au festival depuis 2013. Et l’un comme et l’autre de s’épancher, pour l’un avec la couleur aérienne idéalement profilée dans l’acoustique réverbérée d’une Basilique Notre-Dame archi-comble, pour l’autre d’une voix plus charnue en un délicieux contrepoint. La douzaine d’instrumentistes de l’Accademia Bizantina les soutient dans un phrasé élégamment fondu sous la direction subtile d’Alessandro Tampieri. Et cette œuvre célébrissime d’en ressortir comme vierge et renouvelée.
 
En première partie de concert, des airs de Heinrich Graun (extrait de Cleopatra e Cesare) et Haendel (extrait d’Admeto), un grand duo de ce dernier (extrait de Rodelinda) donnent dans un lyrisme que nos deux chanteurs savent distiller. Deux concertos de Vivaldi, per archi et pour viole d’amour, font intermède instrumental évanescent, particulièrement pour la rêveuse viole d’amour soliste à la charge de Tampieri. Entrée en matière toute de joliesse et alléchante mise en bouche musicale pour cette première soirée de l’édition 2019 du Festival de Beaune.
 
Pierre-René Serna

Beaune, Basilique Notre-Dame, 5 juillet 2019 / 37e Festival d'Opéra baroque et romantique de Beaune, jusqu'au 28 juillet 2019 www.festivalbeaune.com/
 
Photo © Jean-Claude Cottier

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