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Saison Rive Gauche Musique - Trois questions à Anton Martynov, violoniste et directeur artistique

Situé dans un square discret du 7ème arrondissement, le Théâtre Adyar accueille depuis trois ans déjà, les concerts de Rive Gauche Musique. Tandis qu’approche une soirée Piazzola-Vivaldi qui fait la part belle au bandonéon (17 février), Concertclassic a interrogé le violoniste Anton Martynov (ci-dessus), directeur artistique de la série Rive Gauche Musique.

Auriez-vous succombé aux pouvoirs magiques de la salle Adyar ?

Anton MARTYNOV : Oui, car dans ce lieu unique, incomparable, il est possible de faire de la vraie musique de chambre, entre intimes, comme à la maison. L’acoustique permet aux musiciens de bien s’écouter et les auditeurs se trouvent, grâce à la transmission du son, rapprochés du plateau, ce qui permet des interventions sur les œuvres, le récit de petites anecdotes, autant de choses qui se font de façon spontanée, sans contraintes, oublieuses du temps qui passe. Dans le hall jouxtant immédiatement la salle, les échanges entre les artistes et le public, autour d’un verre, s’étirent au gré des rencontres. Le calme se crée, loin de l’esprit de compétition. La musique y gagne beaucoup. Elle trouve sa respiration propre.

Le 13 décembre, nous avons été sous le choc lors du concert du violoniste Michaël Guttman (ci-dessous) qui a interprété de façon exceptionnelle Vieuxtemps, Franck et Ysaÿe. Vous lui donnez carte blanche pour le concert du 15 mai. Pourquoi ?


A.M. : Le talent exceptionnel de Michaël en fait le pilier de nos séries de concerts. D’origine russe mais de nationalité belge, il a été le partenaire de J.P.Rampal à 16 ans et a fait aussitôt l’admiration d’Isaac Stern. Il est devenu très vite le soliste le plus en vue de Belgique, s’inscrivant dans la grande tradition de l’école belge du violon et on lui doit la redécouverte de l’admirable Sonate de Vieuxtemps. La musique française est son domaine de prédilection. Parmi ses partenaires on compte Yuri Bashmet, Salvatore Accardo, Martha Argerich et Boris Berezovsky, avec qui je suis lié depuis nos études à Moscou et qui s’est fixé à Bruxelles, proche donc de Michaël. Ainsi est né un réseau qui est devenu le noyau dur de nos réalisations musicales, l’art et l’amitié formant un tout indissociable. Nous nous retrouvons souvent ailleurs, par exemple au festival de Pietrosanta in Concerto en Toscane, où nous rejoignent Martha Argerich, ou encore Franck Braley et la Camerata de Paris créée par Michaël, qui participera au concert du 15 mai.

Votre programmation n’est-elle pas aussi le reflet de votre goût pour le mélange des genres, un je ne sais quoi appartenant au charme slave ?

A.M. : J’aime l’imprévisible, l’inédit, ce que suggèrent les circonstances : ainsi la rencontre décisive de M. Guttman avec Astor Piazzolla l’a amené à s’intéresser au bandonéon ; c’est pourquoi, le 17 février, nous proposons, Gilberto Pereyra et moi-même, quelques pièces de ce compositeur, dont Oblivion pour bandonéon et cordes, tandis que se produiront les solistes de l’Orchestre Guido Cantelli de Milan dans des concertos de Vivaldi.

Plus classique, mais original par le choix des interprètes, le concert du 19 mars réunira des artistes grecs, l’Artis trio, et des musiciens turcs, Murat Özülgen (hautbois) et Tolga Alpay (basson) qui nous ferons découvrir François Devienne, le « Mozart français » disent les amateurs d’hyperboles.

Nous faisons place aussi à la musique contemporaine : nous accueillerons le 2 avril le brillantissime Karol Beffa, l’un des plus grands compositeurs français actuels et, de surcroît, un improvisateur étonnant. Il nous proposera des pièces de sa main pour violon et piano, suivies d’improvisations sur deux films muets d’Harold Lloyd et sur des thèmes suggérés par le public.

Propos recueillis par Françoise Ferrand, le 4 février 2012

Gilberto Pereyra (bandonéon), Anton Martynov (violon)
Solistes de l’Orchestre Guido Cantelli de Milan
Vendredi 17 février – 20h
Théâtre Adyar
Rens. : www.rivegauchemusique.fr

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Photo : DR
 

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