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Rythmes en fête - 3 questions à Karen Vourc’h, soprano

Vrai festival de raretés – et de contrastes - que la programmation de l’Opéra Comique en avril ! Outre Il Diluvio Universale de Falvetti que Paris a pu découvrir au début du mois sous la direction de Leonardo Garcia Alarcon, l’opéra-comique de chambre de Pauline Viardot Cendrillon (1904) occupe l’affiche pour trois soirées consécutives (les 17, 18 et 19) interprété par les jeunes voix de l’Académie de l’Opéra Comique, dans une mise en scène de Thierry Thieû Niang.

Quatre décennies et deux guerres après l’ouvrage de l’illustre cantatrice, Olivier Messiaen composait son cycle de mélodies Harawi, Chant d’Amour et de Mort : l’ouvrage est bientôt programmé à Favart pour une unique soirée, le 23 avril (dans une mise en espace signée Jean-Philippe Clarac et Olivier Deloeuil).

On attend ce spectacle avec d’autant plus d’impatience qu’il est confié à deux artistes passionnées de musique du XXe siècle et de création : Karen Vourc’h et Vanessa Wagner. Concertclassic a interrogé la soprano entre deux répétitions.

Qu’est-ce qui vous séduit plus particulièrement dans le cycle Harawi, un ouvrage écrit par Messiaen en 1945 qu’il n’est pas souvent donné d’entendre en concert ?

Karen Vourc'h : Je ne dirais pas d’emblée la difficulté… (rires), mais il est vrai que c’est une partition très difficile pour le piano, pour le chant, pour la mise en place rythmique. Cette œuvre présente un caractère très jubilatoire pour ses interprètes mais aussi, du moins je l’espère, pour le public ! Messiaen a intitulé son ouvrage Chant d’Amour et de Mort (c’est la traduction du mot indien quechua harawi, ndlr), il retrace la naissance d’un amour, sa vie et sa mort – la séparation. L’ouvrage est empreint de joie, avec quelque chose de très primitif dans la musique et dans les textes de Messiaen. Les rythmes sont inspirés de rythmes péruviens ou indiens – c’est par cette dimension rythmique que s’exprime le caractère folklorique, tribal de l’ouvrage.

Dans quelles circonstances avez-vous été amenée à travailler avec Vanessa Wagner sur Harawi ? S’agit-il de votre première collaboration ?

K. V. : Non, nous avons déjà eu l’occasion de donner quelques récitals mais dans des répertoires différents (Grieg, Schubert, Debussy…). On m’avait à l’origine demandé de chanter Harawi pour un projet à New York, qui finalement n’a pas vu le jour pour des raisons budgétaires. C’est donc moi qui ai suggéré à Vanessa de nous lancer dans cette aventure. Nous aimons beaucoup travailler ensemble et nous avons une passion commune pour la musique du XXe siècle et la création.

Comment se présente la mise en espace d’Harawi que signent Jean-Philippe Clarac, Olivier Deloeuil et la chorégraphe Lodie Kardouss ?

K. V. : Olivier et Jean-Philippe ont conçu une installation de totems métalliques répartis sur l’espace scénique. Il ont beaucoup travaillé sur la variété des couleurs – on sait combien celles-ci et leurs correspondances avec les sons étaient importantes pour Messiaen. Le texte qu’il a écrit pour Harawi est en soi très coloré, on y trouve beaucoup d’évocations de couleurs. Vanessa au piano et moi-même sommes insérées dans cette installation et je danse – il s’agit de mouvements assez simples – tout en chantant. Le public va découvrir un spectacle total.

Propos recueillis par Alain Cochard, le 15 avril 2013

Karen Vourc’h, soprano / Vanessa Wagner, piano
23 avril 2013 – 20h

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Photo : Cécile Hug
 

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