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Riccardo Chailly et le Philharmonique de Vienne au Théâtre des Champs-Elysées –Scalpel poétique– Compte-rendu

Comme Karajan ou Abbado, qui vient de disparaître, Riccardo Chailly possède un antidote à toute routine, son charisme, comme le prouve son dernier concert à la tête du Philharmonique de Vienne au Théâtre des Champs-Elysées. C’est une flamme de feu qui a déferlé sur la salle quand les Viennois ont craché des flots de lave en fusion dans un Finlandia de Sibelius impressionnant de puissance. Au-delà de la perfection technique que chacun admire en eux, c’est la vie et la réactivité qui ont caractérisé l’accompagnement somptueux qu’ils ont offert dans le Concerto de violon du même Sibelius au violoniste allemand Christian Tetzlaff qui a pu lancer ses volutes sans jamais être couvert dans le confort de ce fond sonore : le rebond des archets des cellistes au début du dernier mouvement était d’un autre monde.
 
L’Autrichien Anton Bruckner n’a pas l’aspect minéral et tellurique du Finlandais. Surtout pas sa 6ème Symphonie en la majeur, plus sereine que celles qui l’entourent. Durant une heure, le musicien s’y promène à pas d’homme, sans hâte, sans contrastes excessifs, aux confins du rêve et de la nature. L’interprétation qu’en proposent Riccardo Chailly et les Viennois est si sensible et raffinée qu’on croirait déceler dans l’esprit du compositeur quelques hésitations dans le choix des chemins à explorer dans le Finale. Un scalpel poétique.
 
Jacques Doucelin
 
Paris - Théâtre des Champs-Elysées, 19 janvier 2014
Concert retransmis par France Musique le 4 février 2014 (à 20h)
 
Photo © G. Mothes

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