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Raretés et talents

La jeune garde des interprètes français regorge de talents et il est réjouissant de les voir s'unir pour défendre des répertoires rares et originaux. Tel est le cas du pianiste Cédric Tiberghien et du Quatuor Psophos qui seront sur la scène du Théâtre Impérial de Compiègne dimanche prochain dans des ouvrages propres à ravir tous les curieux.

Il n'est plus nécessaire de mettre l'accent sur les qualités de Cédric Tiberghien qui, depuis son Premier Prix au Concours Long-Thibaud en 1998, a su pleinement s'imposer dans le paysage du piano français avec un répertoire très diversifié. La découverte du Quatuor Psophos est quant à elle plus récente car si cette formation intégralement féminine s'est constituée en 1997, c'est le Premier Grand prix du Concours International de Quatuor à Cordes de Bordeaux 2001 qui l'a révélée à un large public. Elle s'impose désormais sans conteste parmi les meilleurs ensembles français de sa catégorie (et faisait partie des nominés aux dernières Victoires de la Musique).
Le concert de Cédric Tiberghien et des Psophos mérite d'ailleurs doublement l'attention car, outre l'intérêt du programme, il marque la première collaboration du pianiste avec ce superbe quatuor.

"Théâtre Français de la Musique", le Théâtre Impérial de Compiègne - que dirige Pierre Jourdan - est un lieu idéal pour réunir dans un même concert le 1er Quatuor à cordes de Joseph-Ermend Bonnal (1880-1944) - un musicien bordelais méconnu (1) qui dirigea pendant longtemps l'Ecole Nationale de Musique de Bayonne et stimula grandement l'activité musicale de cette ville - , le Quintette avec piano de Reynaldo Hahn et celui de Louis Vierne.

Cédric Tiberghien a enregistré la Sonate pour violoncelle de ce dernier avec Valérie Aimard (1 CD Lyrinx). "Une musique puissante, belle, peu connue", qui a incité le pianiste à poursuivre l'exploration de la production de musique de chambre de Vierne. "Le souvenir de l'enregistrement du Quintette par Jean Hubeau et le Quatuor Viotti m'a donné l'envie d'aborder cette partition, confie le pianiste. Vierne l'a écrite en pleine guerre (entre 1917 et 1918) à la suite de la mort de son fils sur le front. L'énergie qu'elle renferme me touche profondément ; une énergie du désespoir. Toute la peine d'un père qui vient de perdre son fils y résonne avec une rage, une force vitale mais aussi une tendresse inouïe, un amour qui transcende tout." On imaginerait difficilement interprète ayant plus à cœur de défendre cette composition méconnue et ce avec d'autant plus d'enthousiasme que sa collaboration avec les Psophos l'enchante littéralement. Un entourage de charme en effet…, mais surtout "un ensemble constitué d'instrumentistes très complémentaires où chacune apporte quelque chose de personnel", souligne le pianiste.

Avec en plus le beau Quintette de Hahn ce concert de Cédric Tiberghien et des Psophos augure d'une grand moment de découverte et d'émotion.
A ceux qui ne pourraient se rendre à Compiègne dimanche, signalons enfin que les interprètes donneront le même programme la veille au soir à la Salle Cortot au profit de l'association caritative La Chaîne de L'Espoir.

Alain Cochard

Salle Cortot, samedi 5 février à 20h 30. Rés. : 01 46 64 81 87. www.chaine-espoir.asso.fr

(1) On pourra se documenter sur J.E. Bonnal en consultant l'ouvrage de Michel d'Arcanges : "Joseph-Ermend Bonnal, magnifique et méconnu" (Atlantica-Séguier "Carré Musique") Photo : DR
 

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