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Ramón Vargas en récital au TCE – Généreux - Compte-rendu

L'avant-dernier concert de la saison des « Grandes Voix » (1) devait réunir un attractif duo ténor/basse mais, suite à l’abandon d'Ildar Abdramazakov, Ramón Vargas a finalement assuré seul le récital. Si Paris fait depuis longtemps les yeux doux à l’argentin Marcelo Álvarez, son compatriote mexicain est rarement présent sur les scènes françaises et cela est regrettable. Alors qu'il vient de chanter Ernani à Monte-Carlo et qu'il interprète les rôles-titres du Trouvère, de Don Carlos et du Bal masqué, Ramón Vargas a montré qu'il pouvait encore se mesurer à la tessiture de « tenore di grazia » avec deux airs de Mozart (« Il mio tesoro » de Don Giovanni et « Un'aura amorosa » de Cosi fan tutte) chantés avec goût, d'une voix au galbe ferme et à la technique éprouvée.
 
Malgré le petit grelot qui affectait son haut medium et un usage de la voix mixte limité, la belle impression générale a été confirmée avec « Angelo casto e bel » extrait du Duc d'Albe de Donizetti, le chanteur s'affirmant pendant l’exécution du célèbre « Una furtiva lagrima » chaleureusement applaudi. Si Fauré (« Après un rêve ») était une fausse bonne idée, l'air de Roméo et Juliette « Ah ! lève-toi soleil » a réchauffé la salle, un exemplaire « Kuda, kuda » d'Eugène Onéguine au style racé et à l'émotion non feinte lui succédant.
 
Verdi avait été choisi pour conclure, deux airs populaires tout d'abord dont un remarquable « Ad una stella », immédiatement suivi par un « Quando le sere al placido » de Luisa Miller d'une beauté expressive et d'un legato en tout point admirable, accompagné il est vrai par l'experte Mzia Bhatouridze, également interprète d'un très personnel Liebestod de Wagner/Liszt et de la 13ème Improvisation de Poulenc. En bis, « La Danza » de Rossini, « Estrellita », « Te quiero » et « La Morachita », bouquet de mélodies voluptueuses déposées par un artiste généreux aux pieds d'un public conquis et reconnaissant.
 
François Lesueur
 
Paris, Théâtre des Champs-Elysées, 11 juin 2014

(1) "Les Grandes Voix" terminent leur saison le 27 juin à Pleyel avec une soirée réunissant Roberto Alagna, Inva Mula et Dmitri Hvorostovsky, sous la directtion de Riccardo Frizza à la tête de l'Orchestre National d'Île-de-France, dans de larges extraits de l'Otello de Verdi / www.concertclassic.com/concert/otello-roberto-alagna-inva-mula-dmitri-hvorostovsky

Photo © DR

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