Chaque année, de la fin juillet à la mi-août, Prades connaît un regain d’activité spectaculaire. Pendant trois semaines, est réunie là une centaine de remarquables artistes pour le plus grand bonheur de mélomanes venus des cinq continents assister aux concerts donnés dans le cadre du Festival Pablo Casals. Parmi toutes ces magnifiques soirées, deux furent vraiment exceptionnelles et resteront gravées dans la mémoire d’un public nombreux.

Le 30 juillet, dans le cadre prestigieux de l’abbaye Saint-Michel de Cuxa, eut lieu une séance de musique de chambre consacrée à trois grandes sonates pour violoncelle et piano, que Pablo Casals joua lors d’un récital en Russie. Le programme fit se succéder Marie Hallynck (photo), Arto Noras et François Salque. La première donna de la Sonate op 36 d’Edvard Grieg une interprétation aussi ardente que bouleversante, prouvant ainsi qu’elle n’était pas qu’une grande virtuose du violoncelle, mais également une très fine et sensible musicienne. Dans la Sonate op 65 de Frédéric Chopin, Arto Noras sut toujours trouver le plus juste équilibre entre romantisme exacerbé et froide intériorité ; sa lecture fut celle d’un grand maître. François Salque, dans la Sonate op 19 de Sergeï Rachmaninov, démontra au cours des quatre mouvements que l’œuvre avait été écrite alternativement aussi bien pour piano et violoncelle que pour violoncelle et piano ; tour à tour, humble ou brillant, lyrique ou passionné, son interprétation fut un modèle du genre. Le pianiste Jean-Claude Van den Eynden, partenaire idéal des trois musiciens, tint un rôle de premier plan dans la réussite de cette soirée. Il fit preuve d’un toucher d’une grande sensibilité, de phrasés d’une extrême élégance, d’une superbe clarté d’articulation et d’un rare talent pour adapter la sonorité de son clavier aux timbres très différents les uns des autres des trois violoncelles.

Le concert du dimanche 12 août, dans l’église Saint-Pierre de Prades, avait pour thème « Familles ». C’est ainsi que l’on put entendre des œuvres de Jean-Sébastien et de Jean Chrétien Bach, de Léopold et de Wolfgang-Amadeus Mozart, de Joseph et de Michael Haydn. Mais, la parenté ne s’arrêtait pas aux compositeurs. Les interprètes avaient eux aussi une famille. C’est ainsi que firent leur apparition sur l’estrade : Andras Andorjan et ses deux fils, David au violoncelle et Gabriel au violon, Véronique Bogaerts et sa fille Sarah au violoncelle, Wolfgang Laufer et son fils Daniel au violoncelle, Michel Lethiec et ses deux filles, Karine à l’alto et Saskia au violon, Bruno Pasquier et ses deux fils, Cyril et Jérémy tous les deux à l’alto. Dans ce concert, dont le thème majeur était la filiation, on sentit que les parents voulaient que leurs enfants soient fiers d’eux et que ceux-ci souhaitaient ardemment ne pas démériter face à leur géniteur. Qualité de jeu et de style fut donc la caractéristique principale de ce mémorable concert, chargé d’émotivité et d’affectivité.

Xavier Rey

Festival Pablo Casals de Prades, les 30 juillet et 12 août 2007

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Photo : Uta Suesse-Krause