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Portrait baroque - Marc-Antoine Charpentier ; 1ère partie

On célèbre cette année le tricentenaire de la mort de Marc-Antoine Charpentier. En fait, les informations manquent sur la formation et le premier apprentissage musical du compositeur. Jusqu’à il y a peu, le doute planait encore sur sa date de naissance ! On sait aujourd’hui qu’il est né à Paris en 1643.
Fils d’un maître copiste, c’est vers l’âge de vingt ans que le jeune homme part pour parfaire son éducation en Italie, aidé par Dassoucy qui dit lui avoir donné « pain et pitié », et où il rencontre Giacomo Carissimi ainsi ses contemporains transalpins. Ce séjour sera déterminant pour Charpentier, qui demeurera tout sa vie marqué par ce style d’écriture. De retour à Paris, il fréquente d’ailleurs les cercles italianisants autour de Saint-André-de-Arts, se familiarisant ainsi avec les musiques et œuvres alors en vogue.

Mais sa véritable entrée sur la scène des grands s’effectue l’année 1671 où Lully, brouillé avec Molière, l’appelle à ses côtés. Mais s’il assistera le musicien du Roi dans ses comédies-ballets, il devra malheureusement rester dans l’ombre de ce dernier, empêché de composer davantage que le surintendant de la musique de théâtre. Malgré ces limitations, Charpentier devient en 1679 compositeur de musique du Dauphin, et brille à la cour royale.

En effet, le monarque en personne remarque bien vite la personnalité hors du commun du compositeur, s’il on en juge qu’aux printemps des années 1681 et 1682, il n’« a pas voulu entendre d’autres musiques » que celles de Charpentier. On peut bien sûr imaginer les conséquences de telles faveurs. Les intrigues vont bon train, et auront raison de l’ambition de notre musicien. En effet, devant concourir pour le poste de sous-Maître de la Chapelle Royale, en 1683, il ne participera en réalité pas au recrutement organisé à cet effet, prétextant une maladie... Néanmoins, toujours en grâce auprès du Roi, celui-ci lui accordera une petite rente compensatoire.

Entre temps, pris sous l’aile de Mademoiselle de Guise jusqu’en 1688 (date à laquelle sa mécène décède), il produit l’essentiel de son œuvre théâtrale. Privé de son protectorat, il devient ensuite Maître de musique des jésuites, composant à la fois des œuvres sacrées et de circonstances, comme celles écrites pour Port-Royal.

Dix ans plus tard, il obtient le poste de Maître de musique de la Sainte-Chapelle, qu’il occupera jusqu’à sa mort.
Audacieux dans son écriture, Charpentier peut être considéré comme l’un des compositeurs parmi les plus novateurs de son temps. Révolutionnaire dans ses Leçons de Ténèbres, c’est également à lui que l’on doit l’introduction en France de la cantate profane, genre promis à de vifs succès sous les plumes d’Elisabeth Jacquet de la Guerre, de Clérambault, de Campra puis de bien d’autres. L’œuvre est vaste tant sur le plan sacré que profane, inspirée par l’Italie mais profondément française, et fait état, dans toute sa richesse, d’un sens de l’ornementation et de l’harmonie sans égal. Bref, sa production fait songer à un camaïeu de couleurs infinies, que nous aurons l’occasion d’explorer très bientôt dans nos colonnes !

Coralie Welcomme

Photo : DR

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