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Paris - Compte-rendu - Une Colombe aux petits oignons


Changement de cap à la Péniche Opéra ! Après avoir beaucoup fait pour l’opérette, la flottante compagnie du quai de la Loire a décidé de privilégier l’opéra comique, genre où force découvertes et recouvertes restent à entreprendre. Continuez et trouvez-nous d’autres volatiles aussi sympathiques, a-t-on envie de s’exclamer après avoir goûté à La Colombe de Charles Gounod qui, après une première à Fontainebleau, est inscrite à l’affiche de la Péniche jusqu’aux premiers jours de mars.

Un décor unique, sept ou huit bottes de pailles, quelques accessoires : avant même le début de la représentation, on a compris que l’on aura affaire à un spectacle «Péniche Opéra » pur jus. Vision modernisée, nous expliquait Mireille Larroche la semaine dernière (lire l’article). Dès l’entrée de Johann Leroux, impeccable en Maître Jean lagerfeldien en diable – le katogan en moins, mais la raideur de nuque et les mitaines plus vraies que nature -, l’affaire est entendue. D’ailleurs les diverses affichettes (proclamations antinucléaires, etc.) qui maculent la caravane d’Horace ne laissaient guère de doute là-dessus… Actualisation donc et actualisation franchement réussie ! «Et si cet ouvrage de Gounod était la rencontre d’un «opéra des villes » et d’un « opéra des champs ? », interroge dans sa note d’intention Dorian Astor, qui a collaboré avec Mireille Larroche pour la dramaturgie.

La réponse est apportée en l’espace de deux actes, un peu plus d’une heure et demie sans entracte, où le ne voit pas le temps passer tant le rythme, la drôlerie, le mélange de tendresse et de douce ironie de cette production vous absorbent. Mais rien n’eût été possible sans les qualités vocales et le sens de la comédie des quatre protagonistes réunis. A commencer par la Sylvie de Dorothée Lorthiois : ici, la précieuse de la Fontaine et de Gounod est métamorphosée en un mannequin débarquant de Paris. Trop cooooooooool la campaaaagne !!! Elle possède le physique et le glamour requis pour camper le personnage hyperrrrrrrrrrrrrrrrtrendy qui – modernisation des scènes parlées oblige - devient le sien. Quant à la voix, la jeune soprano affronte avec un sacré aplomb des airs qui se ne sont pas donnés à tous les gosiers !

Citadin retiré à la campagne, désargenté ; l’Horace de Pierre Espiaut (photo) dit avec beaucoup de tact les contradictions de son personnage, mollement convaincu par l’atmosphère bobo-altermondialiste entretenue par le Mazet - anti-OGM et très vindicatif - d’une Vanessa le Charlès remarquable d’abattage. Taille de la Péniche oblige, La Colombe est donnée avec accompagnement de piano : Christophe Manien mène l’affaire avec beaucoup de vie et d’intelligence musicale. Bref, une Colombe aux petits oignons - et un antidote de premier choix (garanti sans OGM) au pessimisme ambiant !

Alain Cochard

Charles Gounod : La Colombe. Paris- La Péniche Opéra, vendredi 23 janvier, puis les 28, 30, 31 janvier, 6,7,11,13, 14 février, 11,13 et 14 mars 2009. A 20h 30 (19h les 28 janvier, 4, 11 février et 11 mars).

> www.penicheopera.com

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Photo : DR

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