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Paris - Compte-rendu - Retour en force de Sibelius et de la Finlande


Le plus célèbre des compositeurs finlandais, Jean Sibelius, a été à la fête en cette fin d'année, de la Cité de la musique à la salle Pleyel. Vladimir Ashkenazy a, en effet, dirigé dans la première un triptyque fortement imprégné par le folklore finlandais, Rakastava (L'Amant), ainsi que son Concerto pour violon avec en soliste le jeune Ukrainien Valery Sokolov, encore un peu vert, mais plein d'élan.

Le chef russe a ainsi initié avec une bonhommie contagieuse l'Orchestre de chambre d'Europe à cette lumière du Nord, tamisée mais chaude. On a senti les musiciens européens plus à l'aise dans la 2e Symphonie de Robert Schumann dont ils ont traduit toute la nouveauté avec une grande fraîcheur emmenés par le hautbois véloce et musicien en diable de François Leleux. Mal orchestré Schumann ? Longtemps mal joué surtout! Mais ce soir, il n'est que poésie des champs et des bois.

Dès le lendemain, du côté du Faubourg Saint-Honoré, Sibelius réapparaissait sous la baguette de son compatriote Esa-Pekka Salonen remplaçant au pied levé son cadet Mikko Franck, souffrant, à la tête du Philharmonique de Radio France. Ce fut d'ailleurs une semaine Salonen qui venait de diriger le programme de l'Orchestre de Paris dans cette même salle Pleyel. Cette fois-ci, c'est son propre Concerto pour piano dont il dirigeait la création française avec en soliste son dédicataire, le magnifique Yefim Bronfman.

C'est du piano qui « met en nage » comme disait Mozart, mais qui reste lyrique et constamment musical C'est en plus superbement écrit pour l'orchestre comme pour le piano qui dialoguent sans discontinuer. C'est tonal : et alors ? Il y a encore beaucoup de mauvaise musique à écrire en do majeur, et sans doute aussi quelques chefs d'oeuvre. Avant son Concerto, Salonen avait dirigé à mains nues les cinq tableautins de Ma mère l'Oye : c'est dans la finesse et la nuance qu'on juge un grand maître. Et à juste cinquante ans, malgré sa silhouette d'adolescent, Dieu sait si Salonen en est un ! Son Ravel n'était pas sans parenté avec celui que Pierre Boulez avait dirigé la saison dernière à la tête des mêmes musiciens. On sait depuis Gustav Mahler quelle dimension le compositeur qui dirige peut conférer au chef... et vice et versa !

C'est après l'entracte que Jean Sibelius opéra son grand retour avec son « tube », La Valse triste, dépouillée de tout pathos, légère comme un pétale de rose, avant deux extraits des Légendes de Lemminkainen opus 22, Le Cygne de Tuonela et Le Retour de Lemminkainen. Dire qu'on avait l'impression que l'orchestre avait joué cette musique toute sa vie est signe de son entente avec le chef et du talent de celui-ci. Une fin d'année qui devrait marquer à Paris la levée des ultimes réticences à l'égard de la musique de Jean Sibelius.

Jacques Doucelin

Cité de la musique, 18 décembre 2008

Salle Pleyel, 19 décembre 2008

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Photo : DR

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