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Paris - Compte-rendu - Philosophie à bord

La mélodie contemporaine est un territoire méconnu. C’est à partir de ce constat que la Péniche Opéra a lancé ses « Lundis de la contemporaine », soirées d’hommage à un compositeur, centré sur sa musique vocale même si quelques détours sans paroles ne sont pas interdits.

Paul Méfano est le premier cette saison à embarquer à bord d’une Péniche bien remplie pour l’occasion. Ses œuvres, dont une en création, étaient précédées de l’interprétation de Socrate de Satie, ouverture récurrente des quatre « lundis de la contemporaine » programmés cette saison. Cette longue déclamation douce et monocorde, parfaitement chantée par Paul-Alexandre Dubois introduisait ainsi à un florilège vocal et instrumental de Paul Méfano couvrant près d’un demi-siècle, où l’on s’aperçoit que le fondateur de l’ensemble 2e2m est un adepte de la petite forme et de l’humour en musique, comme le soulignent les œuvres récentes L’Abandonné(e), tout en glissandos, pour voix blanche et accompagnement ad libitum, ou Pantoum (musique colonialiste).

L’esthétique de Paul Méfano relève ici de l’instantané : pièces brèves (Estampes japonaises chantées par la soprano Chloé Waysfeld, Alone et Instantanée pour violon interprétés par Alexis Galpérine), souvent fortement imagées (les magnifiques Chants crépusculaires de 1958, la très ironique Noyade impressionniste pour piano seul de 2005). La création, Hétérotopologie, est une mise en musique – en partie concrète, le compositeur s’installant à la console électro-acoustique – d’une leçon de philosophie de Michel Foucault. Quasi aphoristique, elle n’est pas loin de rejoindre l’esprit de Socrate.

Jean-Guillaume Lebrun

Péniche Opéra, lundi 8 décembre 2008

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Photo : DR

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