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Paris - Compte-rendu : Les oranges fructifient à la Bastille

On finit par se faire à l’esthétique de cirque plutôt arbitraire que Gilbert Deflo impose aux divagations ironiques du théâtre de Gozzi. Après tout comme le proclame l’Opéra de Paris, cela fait un spectacle assez bienvenu pour les petits et les grands à l’approche des fêtes de fin d’année, même si le metteur en scène belge sait comme personne ne pas faire rire. On se consolera donc de cette fantaisie où Pierrot phagocyte le Prince avec la musique de Prokofiev.

Sans vouloir rappeler la contre-performance de Sylvain Cambreling, force est de constater que l’honnête routine d’Alexandre Lazarev produit un impact dramatique bien plus saillant, même si la vitalité absolue que sait y déclencher un Stéphane Denève manque toujours. Mais au fond, n’est-ce pas l’orchestre qui s’avère incapable de rendre l’irrépressible vie rythmique d’une partition qui devrait caracoler de sa première mesure à la dernière ?

Plateau irréprochable qui reprend l’équipe gagnante de la création de cette production avec quelques modifications : Alain Vernhes remplace avantageusement José van Dam pour un Tchélio plus inefficace que jamais, Jean-Michel Charbonnet, peu compréhensible et aux aigus tirés ne fait pas mieux que Béatrice Uria Monzon en Fata Morgana, Patricia Fernandez atomise par le panache et l’ambition le médiocre souvenir laissé par la Princesse Clarisse d’Hannah Esther Minutillo, Antoine Garcin, plus désopilant mais moins poétique que Jean-Sébastien Bou virevolte avec grâce dans la défroque chauve-souriesque de Farfaello.

Le reste de la distribution est inchangé et toujours emmené avec virtuosité et malice par le quintette de choc que constituent Barry Banks (Truffaldino), Charkes Workman (le Prince), Jean-Luc Ballestra (Pantalon), Guillaume Antoine (qui a encore grandi depuis la dernière saison, Léandre), et Philippe Rouillon (le Roi de Trèfle). Banks s’invente même quelques jeux de scène bienvenus, et son dialogue avec la cuisinière statufiée de Victor von Halem s’est affiné, plus ironique. Même si l’on regrette fortement que l’Opéra de Paris n’ai pas volé à celui d’Amsterdam la production parfaite signée par Laurent Pelly, il ne faudra pas bouder son plaisir devant cette reprise mieux venue que la première série de représentations.

Jean-Charles Hoffelé

Serge Prokofiev, L’Amour des trois oranges, Opera Bastille, le 26 novembre, puis le 28 novembre et les 1er, 4, 7, 9 décembre.

Programme détaillé de l’Opéra Bastille

Réservation

Photo : Eric Mahoudeau/Opéra de Paris
 

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