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Paris - Compte-rendu - la réincarnation de David Oïstrakh ; Vadim Repin joue le Premier Concerto pour violon de Chostakovitch

Vadim Repin

Une Ouverture de Rousslan et Ludmilla sans énergie ne laissait pas augurer d’un accompagnement à ce point approximatif et minimaliste pour le Premier Concerto pour violon de Chostakovitch. Heureusement, Repin ne se laissa pas distraire par la pâleur du National et l’indifférence de Masur, et dés le Nocturne introductif, son archet souverain convoquait le fantôme d’Oïstrakh.

Sans conteste, Repin est bien le premier violoniste de notre temps. Un scherzo assez confus l’amena à regarder les altos et les violoncelles pour les remettre dans le rythme, Masur n’y parvenant pas, de plus en plus handicapé par l’inertie relative de son bras gauche. La cadence produisit un choc, tant le jeu du sibérien exalta le désespoir de cette confession intime de Chostakovitch qui se masque derrière une virtuosité jamais sollicitée : il ne s’agit pas de briller ici, il s’agit de survivre. Le final laissa le violoniste encore bien seul, mais il parvint à enflammer progressivement l’orchestre.

En seconde partie Masur retrouvait tout son art pour la rare orchestration des Tableaux d’une Exposition réalisée en 1955 par Serguei Gortchakov, qui faisait si souvent songer à Prokofiev. Pari gagné, tout l’orchestre se retrouvait enfin au diapason d’une œuvre qu’il semblait redécouvrir, tant il est vrai que les voir interpréter la version Ravel tendait à la routine. Et Masur parvint à varier les climats et à déployer toute la majesté de la Grande Porte de Kiev. Il suivit à la lettre Gorchakov dans ses volontés philologiques, commençant Bydlo fortissimo (comme le veut Moussorgski alors que Ravel le débutait piano), et ne supprimant aucun des retours de la Promenade.

Le National retrouva toutes ses couleurs, et Masur son sourire jusque dans un bis (Ballet des poussins dans leurs coques) alertement croqué. Nul doute que ces Tableaux avaient monopolisé la plus grande part des services de répétition.

Jean-Charles Hoffelé

Concert de Vadim Repin, de l’Orchestre National de France et de Kurt Masur, Theâtre des Champs-Elysées, Paris, le 8 avril.

Théâtre des Champs Elysées

Photo : DR
 

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