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Paris - Compte-rendu : Energie et style, Cédric Tiberghien avec l’Orchestre du Conservatoire de Paris


En dix ans, depuis sa victoire au concert Long-Thibaud, le pianiste français Cédric Tiberghien s’est affirmé comme l’un des interprètes majeurs de sa génération. Le concert donné avec l’Orchestre du Conservatoire de Paris sous la direction de Yutaka Sado en a apporté la preuve éclatante. Le Concerto pour piano et orchestre n°2 de Brahms n’est pas un long fleuve tranquille ; cet ouvrage en quatre mouvements constitue une entreprise de longue haleine (plus de 45 minutes) où certains se sont brûlé les ailes. Il nécessite endurance, sens de la construction, maîtrise technique et aussi sentiment poétique à fleur de peau.

Cédric Tiberghien, dont on connaît la familiarité avec la musique française, a la carrure pour affronter le long cours de ce monument concertant germanique. Sans doute sa connaissance d’un large pan du répertoire pour clavier (du Clavier Bien Tempéré de Bach à l’intégralité des 32 Sonates et des concertos ou aux Variations Diabelli de Beethoven) en fait-il un artiste complet d’une curiosité sans cesse en éveil.

Emporté par l’élan de la direction de Sado et l’engagement des jeunes musiciens de l’Orchestre du Conservatoire, Tiberghien dispense une formidable énergie (Allegro ma non troppo initial), une fièvre (Allegro appassionato), un lyrisme serein (Andante) en osmose avec l’excellent violoncelle solo (celui de Florian Frère), une fierté de ton enjouée et roborative (Allegretto grazioso). Une véritable leçon de style brahmsienne mais avec des semelles de vent !

En deuxième partie, la Symphonie n°8 de Dvořák provoque également enthousiasme et satisfaction grâce à la direction solaire de Yutaka Sado, sensible tout autant à la dimension épique de l’œuvre qu’aux impressions pastorales. Le plaisir qu’éprouvent les instrumentistes du Conservatoire à jouer cette musique avec verve et concentration se mue en véritable bain de jouvence pour le public. Des phalanges symphoniques constituées devraient parfois s’en inspirer.

Michel Le Naour

Paris, Salle Pleyel, 11 novembre 2008

Programme détaillé de la Salle Pleyel

Photo : DR

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