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Paris - Compte-rendu - Christine Schäfer et le Quatuor Petersen

Ancienne élève de Arleen Auger, Sena Jurinac et Aribert Reimann au Conservatoire de Berlin, la soprano Christine Schäfer mène une carrière aussi discrète qu’exigeante. Actuellement l’une des plus grandes interprètes de la seconde Ecole de Vienne, Christine Schäfer apparaissait en « guest star » d’un concert donné par le Quatuor Petersen à la Salle des Fêtes du Musée d’Orsay.

Le temps d’une Litanei (Litanie) et d’une Entrückung (Eloignement), soit les deux derniers mouvements de l’opus 10 de Arnold Schönberg, la cantatrice est parvenue à galvaniser les spectateurs en manque de sensations. La soirée avait en effet plutôt mal commencé, le quatuor d’origine berlinoise ayant eu la malencontreuse idée de programmer en première partie l’opus 6 (1921) de Ernst Krenek. Partition bavarde et ampoulée, composée treize ans après le quatuor de Schönberg, l’œuvre de Krenek a tout d’une composition de bon élève, aussi proprette qu’appliquée mais dénuée de la moindre étincelle qui aurait pu électriser un auditoire déjà suffisamment distrait par la lourdeur des dorures et miroirs de la Salle des Fêtes du Musée.

Dorures et miroirs dont l’étouffante présence n’est quasiment plus ressentie à l’écoute du deuxième quatuor de Schönberg, œuvre magnifique témoignant de la mutation d’un langage tiraillé entre le leitmotiv wagnérien et le dodécaphonisme naissant. Soit une partition étonnamment tendue, dont les vecteurs antagonistes seront dévoilés par une Christine Schäfer incandescente remarquablement bien accompagnée par le Quatuor Petersen.

Erik Verhagen

Le 9 janvier 2004, salle des Fêtes du Musée d’Orsay

Photo : DR
 

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