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« Nous sommes complémentaires du spectacle vivant» - Une interview de Thierry Fontaine, Directeur Général de PathéLive

Opéra au Metropolitan, ballets au Bolchoï et à l’Opéra de Paris : grâce à PathéLive des spectacles venus d’institutions prestigieuses sont accessibles en live dans de nombreuses salles de cinéma. Tandis qu’approche la retransmission du Corsaire en direct de Moscou (le 11 mars à 16h), Thierry Fontaine, Directeur Général de PathéLive, répond à concertclassic.

Comment est né PathéLive ?

Thierry FONTAINE : Il importe d’abord de rappeler que ce qui a permis ces retransmissions d’opéras et de ballets c’est le passage des salles de cinéma au tout numérique (disparition de la pellicule) et la combinaison de cette technologie avec les retransmissions satellitaires. Celles-ci existent depuis longtemps à la télé, mais le fait que les salles de cinéma soient passées au numérique permet de diffuser des spectacles dans des conditions optimales (avec un son de salle de cinéma et une image en haute définition). Le Metropolitan Opera a été pionnier en ce domaine. Peter Gelb, son directeur général, a cherché un moyen d’élargir l’audience de l’opéra, considérant que c’était un art vieillissant et que si rien n’était fait il viendrait à disparaître. Le Met a donc été la première institution lyrique à filmer et à retransmettre dans le monde entier ses spectacles. En France, la société CielEcran a commencé en 2008 à retransmettre des spectacles du Metropolitan. 17 salles étaient concernées à l’origine. Depuis, CielEcran a été racheté par Pathé pour devenir PathéLive et assurer les retransmissions du Met dans 125 salles en France, en Suisse et au Maroc.

Comment positionnez-vous votre offre par rapport au spectacle vivant ?

T.F. : Lors de mon arrivée à la tête de PathéLive, la ligne éditoriale choisie a été de créer des passerelles entre les arts, sans se substituer au spectacle vivant, mais en cherchant à être complémentaire. Il s’agit d’offrir une autre expérience aux gens qui aiment et fréquentent déjà les salles de spectacles, mais aussi, dans l’esprit du projet du Peter Gelb, d’élargir le public, de sensibiliser de nouveaux publics à l’opéra, à la danse, en espérant qu’ils aient ensuite envie d’aller assister à un spectacle vivant. Lors d’une séance live du Met, jusqu’à 20 000 personnes sont présentes dans les salles françaises pour suivre le spectacle. Nous avons interrogé ce public : 6 personnes sur 10 déclarent fréquenter régulièrement les salles d’opéras ou de théâtre, pour 4 sur 10 c’est en revanche plus rare.
Différents publics se rencontrent donc dans nos salles où je vois arriver des jeunes, des moins jeunes, des familles aussi. Pour un prix attractif (28 € plein tarif pour un opéra, entre 20 et 22 € avec un abonnement ; 22 € plein tarif pour le ballet, 18 € en moyenne avec un abonnement) nous offrons une expérience qui ne se substitue pas au spectacle vivant mais s’en rapproche le plus possible et permet de voir des détails que l’on ne verrait pas dans une salle d’opéra. Mais nous ne sommes pas là pour capter et détourner le public du spectacle vivant, nous sommes complémentaires.
Je donne la priorité à des spectacles haut de gamme live. Il arrive que nous fassions de la rediffusion mais uniquement pour des spectacles montrés en live auparavant. D’autres offres existent sur le marché pour des spectacles déjà parus en DVD ou déjà diffusés à la télé, ce qui diffère totalement de notre démarche.

La danse a fait plus récemment son apparition…

T.F. : En effet, nous avons commencé les retransmissions des ballets du Bolchoï en 2010 et là, à la différence du Metropolitan Opera vis-à-vis duquel PathéLive est distributeur (pour la France, la Suisse et le Maroc), nous sommes producteurs et nous assurons en plus la distribution dans le monde entier.

Envisagez-vous dans le futur un élargissement de votre offre à d’autres institutions lyriques?

T.F. : Pour l’instant nous proposons la saison complète du Met, la saison complète des ballets du Bolchoï et quelques ballets de l’Opéra de Paris. Cette offre sera renouvelée la saison prochaine et je compte y ajouter une compagnie de danse dont il ne m’est pas possible de vous donner le nom pour l’instant. Il reste que le nombre créneaux pour des retransmissions d’opéras ou de ballets est limité. Les salles de cinéma sont d’abord dédiées à la projection de films. Une fois que les retransmissions sont calées, le samedi pour le Met, le dimanche pour le Bolchoï, que sont exclues les dates des vacances scolaires et des jours fériés où la priorité reste la diffusion des films, il reste peu de possibilités. C’est pourquoi nous réfléchissons aussi à des programmes d’après-midi. Un point important enfin : nous nous appelons PathéLive, nous sommes une filiale des cinémas Gaumont-Pathé mais les spectacles ne sont pas montrés seulement dans nos salles. Nous fédérons une centaines de salles de cinéma dont certaines appartiennent à d’autres circuits (Kinepolis, Cinéville, Cap Cinémas, Ciné Alpes). Une quarantaine de salles indépendantes nous suivent aussi et font un travail remarquable partout en France.

Propos recueillis par Alain Cochard, le 27 février 2012

Programme complet, liste des salles et réservations sur www.pathelive.com

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Photo : DR
 

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