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« Nous disposons d’un outil fantastique » - Une interview de Stefano Mazzonis di Pralafera, directeur de l’Opéra Royal de Wallonie

A la rentrée passée, le Théâtre Royal de Liège rouvrait ses portes au terme de trois ans de travaux qui ont redonné une nouvelle jeunesse à un bâtiment construit entre 1818 et 1820. L’Opéra Royal de Wallonie présente La Fanciulla del West de Puccini jusqu’au 5 mars. Un projet cher au cœur du directeur de l’ORW, Stefano Mazzonis di Pralafera, qui a accepté de répondre à Concertclassic.

L’Opéra de Wallonie a retrouvé le Théâtre Royal à la rentrée passé. Quel bilan tirez-vous des premiers mois d’utilisation de ce lieu entièrement rénové

Stefano Mazzonis Di Pralafera : C’est un outil fantastique dont les metteurs en scène, les scénographes, les décorateurs ont encore pas mal de possibilités à découvrir afin de l’utiliser au mieux. Je dois avouer que nous disposons de quelque chose d’assez extraordinaire. Et il faut souligner que les travaux on considérablement amélioré l’acoustique ; c’est un vraie merveille !

Il vous avait fallu déployer beaucoup d’efforts pour convaincre le public de venir sous le chapiteau du Palais Opéra pendant les travaux au Théâtre Royal, mais finalement il y avait pris ses habitudes. Comment s’est passé le retour au Théâtre royal ?

S. M. D. P. : Il y a eu, c’est certain, un effet de curiosité. Ceux qui connaissaient le Théâtre voulaient le revoir après les travaux et ceux qui ne le connaissaient pas souhaitaient le découvrir. Je ne vous cache pas que j’avais un petit peu peur car il est vrai que le public avait finalement pris goût au chapiteau, à la situation de convivialité, de démocratie qu’il offrait. Il n’y avait pas de parterre, de 1er balcon, de 2ème balcon, etc., tout le monde était dans la même salle avec la possibilité de se retrouver à l’entracte dans un unique et très vaste foyer qui pouvait accueillir 1200 personnes. Mais le retour s’est finalement bien déroulé et nous avons assisté à une augmentation du taux de remplissage (nous en sommes à 97-98 % en moyenne) et du nombre d’abonnements.

Sous votre impulsion, le Théâtre Royal de Wallonie a été un pionnier s’agissant de la diffusion de ses spectacles via internet. On en êtes-vous sur ce plan actuellement ?

S. M. D. P. : Les choses se sont élargies ; nous ne sommes plus seulement sur le web (Arte web en l’occurrence, ce qui est prestigieux), mais aussi sur la télévision (la RTBF) et sur Arte. Ce qui signifie que toutes nos productions sont disponibles en streaming sur Arte web et sont diffusées par la RTBF. Quant à la chaîne Arte, elle choisit deux de nos opéras chaque année (Stradella de Franck et Guillaume Tell de Grétry en 2012).

Dans quelques heures aura lieu la première de La Fanciulla del West, dans la mise en scène de Lorenzo Mariani et sous la baguette de Gianluigi Gelmetti. Pourquoi avoir choisi de programmer ce Puccini rarement donné et pas vu à l’Opéra de Liège depuis 1982 ?

S. M. D. P. : J’aime redécouvrir, ramener à l’attention du public des ouvrages qui sont moins joués. Pour monter cet ouvrage, il faut un trio d’exception, un grand chef et une mise en scène spectaculaire ; il s’agit du tout premier « opéra western » de l’histoire.
A propos de redécouverte, nous donnerons en fin de saison I due Foscari de Verdi en version de concert, avec Leo Nucci entre autres. C’est un ouvrage très beau, très concis, d’une grande force dramatique et que j’aime beaucoup.

A propos de Verdi, vous avez programmé deux de ses oeuvres (La forza del destino et I due Foscari) cette saison, mais pas de Wagner…

S. M. D. P. : J’attendais de voir comment se présentait la fosse du Théâtre royal rénové avant d’en programmer. Nous ferons un Wagner dans les saisons à venir.

La saison prochaine ?

S. M. D. P. : Non, plus tard.

Paolo Arrivabeni est votre directeur musical depuis 2008, avec à ses côtés Patrick Davin en premier chef invité. Comment s’effectue la répartition des tâches ?

S. M. D. P. : Paolo Arrivabeni dirige les ouvrages italiens, avec quelques exceptions (il a fait du Strauss et du Wagner au Palais Opéra). Quant à Patrick Davin, il se dédie plutôt au répertoire français ; il aura d’ailleurs l’occasion de diriger un opéra très populaire la saison prochaine.

Où en est votre politique en faveur du jeune public ?

S. M. D. P. : Je dirais que c’est vraiment mon dada ; je crois que si on n’a pas une politique en faveur des jeunes, dans dix ou vingt ans les théâtres risquent de fermer. Je m’efforce d’attirer de plus en plus de jeunes spectateurs - nous sommes actuellement à 30% de présence de jeunes, ce qui me semble très bien.
Nous avons volontairement déplacé l’horaire des pré-générales à 14h 30 afin de permettre à des gamins d’assister gratuitement au spectacle. Ils se sont vraiment régalés l’autre jour avec La Fanciulla. Je suis convaincu que quelque chose restera dans leurs oreilles et qu’un jour ils auront envie de revenir. Et il y a aussi ceux qui rentrent à la maison tout excités par ce qu’ils viennent de découvrir et qui incitent des parents qui n’étaient jamais allés à l’Opéra à les y accompagner. Tout ça produit un effet boule de neige très positif.

Quelques scoops à propos de la saison 2013-2014 ?

S. M. D. P. : Je regrette mais je vais vous obliger à patienter jusqu’au 24 avril, date à laquelle la programmation sera dévoilée. Ce sera une grande saison, avec beaucoup de nouveautés et de découvertes.

Propos recueillis par Alain Cochard, le 22 février 2013

Puccini : La Fanciulla del West
26 et 28 février, 2 et 5 mars 2013
Opéra Royal de Wallonie
Liège – Théâtre Royal

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Photo : DR
 

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