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Nicolas Simon, chef d’orchestre – Chef et passeur

D’aucuns ont pu entendre Nicolas Simon en décembre dernier étrennant « Une Symphonie Fantastique », nouveau spectacle de son ensemble La Symphonie de Poche, dans le cadre – idoine – des Concerts de Poche, mercredi 28 janvier il sera pour la première fois à la tête de l’orchestre des Frivolités Parisiennes à L’Européen pour une unique représentation du rare opéra-comique Bonsoir Monsieur Pantalon du Belge Albert Grisar (mise en scène de Damien Bigourdan). Une occasion de faire plus ample connaissance avec un jeune chef curieux et ouvert aux expériences musicales les plus variées.
 
Coup de pouce d’Eyjafjallajökull
 
C’est par le violon que Nicolas Simon a débuté son parcours, et avec cet instrument entre les mains que premier choc décisif pour l’avenir du futur chef s’est produit, à Saintes au mitan des années 2000 : la participation à une session de ce que l’on nommait à l’époque Jeune Orchestre Atlantique, sous la conduite de Philippe Herreweghe. « C’est quelqu’un que je connaissais déjà par ses enregistrements, j’appréciais sa démarche ; ça été une expérience passionnante que de jouer sous sa direction et de l’observer, se souvient N. Simon. »
 
A la même époque, il rencontre celui qu’il désigne comme son « père spirituel », François-Xavier Roth, dont il suit pendant quelques mois au CNSMD de Paris la classe d’initiation à la direction d’orchestre. Après avoir passé son Master de direction dans la classe de Zolt Nagy, il retrouve F.-X. Roth et, en 2010, ce que l’on appelle le hasard - en l’occurrence Eyjafjallajökull - se mêle de son destin. Dans l’impossibilité de diriger un concert à Venise à cause de la vaste pagaille aérienne provoquée par l’éruption du désormais célèbre volcan islandais, F.-X. Roth charge son jeune collègue de le remplacer au pied levé. Un succès !
 
N. Simon gagne définitivement la confiance du patron des Siècles et a souvent par la suite l’occasion de l’assister, auprès de cette formation, comme d’autres orchestres (London Symphony Orchestra, SWR Sinfonieorchester Baden-Baden und Freiburg, etc.). Le soutien de F.-X. Roth a été et continue d’être décisif dans le parcours de N. Simon, mais la manière de travailler de son aîné lui apporte également beaucoup. Dans l’organisation d’abord, avec « un rythme incroyable dans la travail de répétition, une grande efficacité dans la gestion du temps », mais bien évidemment aussi sur le plan musical, pour « sa façon de mettre les couleurs en valeur, son goût pour la sonorité, sa manière faire sonner pleinement les instruments.»
 
Assistant de F.-X. Roth sur Lakmé à l’Opéra Comique on imagine tout ce N. Simon a pu, de ce point vue, apprendre de son mentor. Par parenthèse, il aura pu constater, de la part de tenants d’interprétations historiquement informées, une certaine mauvaise fois dans les commentaires envers une baguette particulièrement informée - unanimement louée la réussite vocale de la production devait pourtant beaucoup à l’intelligence du travail mené dans la fosse …
 
Assistant, N. Simon l’a aussi été à l’Orchestre Français des Jeunes, auprès de Kwamé Ryan et de Dennis Russel Davies, autre expérience instructive qui l’amène à se confronter à un grand effectif symphonique.
 
Démarche citoyenne
 
Orchestre Demos, « Take a bow » avec le London Symphony Orchestra, « A toi de jouer »: on a souvent vu N. Simon impliqué dans des expériences pédagogiques, dans un rôle de passeur où il se sent particulièrement à son aise. « C’est le résultat d’une réflexion entreprise à l’époque de mes études. Je me voyais consacrant des heures à travailler le violon, les partitions, seul, sans être en prise avec la société qui m’entourait. Je ressentais le besoin d’une démarche citoyenne en tant que musicien, de faire en sorte que ce que j’ai appris serve à quelque chose. »  Et pas seulement sur la plan musical : « avec le projet Demos en particulier on s’aperçoit à quel point la pratique musicale et instrumentale « cadre » les jeunes participants, leur donne un objectif sur lequel se concentrer et leur apprend à s’écouter, à écouter les autres - et à les respecter. »
 
La Symphonie de Poche s’empare de la Fantastique

 
Créé en 2007, l’ensemble La Symphonie de Poche s’inscrit pleinement dans l’activité de passeur que N. Simon entend mener parallèlement à des activités musicales plus « traditionnelles ». Un ensemble d’une petite vingtaine de musiciens qui se donnent pour objectif d’«amener la musique là où on ne l’attend pas », de rencontrer des publics peu accoutumés au classique. Un peu en sommeil pendant trois ou quatre ans, La Symphonie de Poche figure désormais parmi les préoccupations premières de N. Simon. Pour cet ensemble, un spectacle autour de la Symphonie Fantastique, (intelligemment arrangée par Emmanuel Ory) mis en scène avec talent et humour - mordant envers une certaine idée du romantisme ! - par Edouard Signolet est prêt (nous avons assisté à la générale en décembre à Paris) et partira en tournée à partir de la rentrée prochaine.
 
Frivolités Parisiennes
 
Actualité bien plus immédiate, N. Simon s’apprête à diriger la musique d’Albert Grisar (1808-1869), compositeur belge, ancien élève de Mercadante, admiré d’Offenbach pour son Gilles ravisseur (1848), et dont le catalogue d’une vingtaine d’ouvrages lyriques comprend Bonsoir Monsieur Pantalon, créé à l’Opéra Comique en 1851. Co-directeurs des Frivolités Parisiennes, Benjamin El Arbi et  Mathieu Franot sont des amis de longue date de N. Simon. Ils ont tout naturellement fait appel à lui pour diriger cette production. Une seule date, le 28 janvier à l’Européen, permet de découvrir une rareté lyrique qui promet de ravir l’auditoire. « Grisar écrit « opéra-comique », mais Bonsoir Monsieur Pantalon est plus proche de l’opéra bouffe, explique le chef. C’est très léger, très drôle, un vrai pantalonnade pleine d’imbroglios, de quiproquos, de malles que l’on jette par la fenêtre dans le Grand Canal de Venise, de sérénades ; toutes les habitudes de l’opéra bouffe sont concentrées dans un ouvrage en un acte au dénouement très heureux. »
 
Autant dire que l’ouvrage de Grisar ira comme un gant à l’enthousiaste équipe des Frivolités Parisiennes. Ce spectacle s’inscrit dans la cadre de la première édition des Paris Frivoles, un académie qui a permis à de jeunes chanteurs de se familiariser avec l’univers de l’opéra-comique. « Un travail important a été effectué sur la clarté de la prononciation, note N. Simon, mais aussi sur l’improvisation théâtrale, les danses de l’époque, etc. C’est une démarche qui mérite d’être saluée. »

Rendez-vous le 28 janvier à L’Européen !
 
Alain Cochard
(entretien avec Nicolas Simon réalisé le 14 janvier 2015)

 

 
Grisar : Bonsoir Monsieur Pantalon
28 janvier 2014 – 20h 30
Paris – L’Européen ( 5 rue Biot / 75017)
http://www.leuropeen.info
 
Site des Frivolités Parisiennes : http://lesfrivolitesparisiennes.com
 
Site de la Symphonie de Poche : http://symphoniedepoche.blogspot.fr
 
Site de Nicolas Simon :
http://simon-nicolas.blogspot.fr/p/biographie.html

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