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Neeme Järvi dirige l’Orchestre National de France – Grand souffle – Compte-rendu

À 80 ans, la direction de Neeme Järvi (photo), gestique économe mais ample, a conservé tout son magnétisme. Avec les musiciens de l’Orchestre National, le maestro estonien propose un programme russe très contrasté confrontant le charme de la Suite n°4 « Mozartiana » de Tchaïkovski avec l’héroïsme épique de la Symphonie n°7 de Chostakovitch.
 
Grand admirateur de Mozart en qui il voyait le « Christ de la musique », Tchaïkovski, pour le centenaire de la création de Don Giovanni, arrange pour orchestre de chambre quatre pièces de l’Autrichien dont le célèbre Ave verum. Neeme Järvi ne cherche pas à donner plus d’importance qu’elle ne le mérite à la Suite « Mozartiana », mais y cultive une richesse des couleurs et un naturel servis par des instrumentistes subtils (le solo aérien du premier violon Luc Héry).

Après cette agréable mise en bouche, la Symphonie « Leningrad » crée un contraste saisissant par la puissance des forces en présence et le sentiment douloureux et oppressif qui l'habite. Impressionnante lecture : Järvi maintient la tension jusqu’à l’explosion finale d’une intensité quasi insoutenable. Toujours maître des éléments, précis et clair, il emporte littéralement ses troupes par le souffle d’un propos qui va continûment de l’avant et évite toute surcharge. L’Orchestre National ne faiblit à aucun moment, galvanisé par cette vision forte et enlevée où l’émotion le dispute à la hauteur de vue. Du grand art !
 
Michel Le Naour

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Paris, Auditorium de Radio France, 10 novembre 2016

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