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Nancy - Compte-rendu : la Flûte enchantée, Mozart chez les clowns

Ouverture de saison Nancéenne placée sous le signe de la bonne humeur, ave la Flûte enchantée selon Achim Freyer, conçue pour le plaisir des yeux et des oreilles. C’est vif, coloré, bien dans l’esprit de l’opéra populaire voulu par Mozart et Schikaneder. Trois portes, trois enfants, trois dames voulus par le livret ainsi qu’une truelle, cela suffit à Achim Freyer pour symboliser l’univers maçonnique.

La distribution réunie par l’Opéra de Nancy est dominée par Chad Shelton, Héléna Juntunen, et Thomas Dolié respectivement Tamino, Pamina et Papageno. Enfin un ténor qui possède suffisamment de médium et de grave tout en conservant un aigu aérien, pour donner toute la tendresse et le poids voulu par le personnage.

La Pamina d’Héléna Juntunen est de la même eau, l’aiguë est bien placé et le medium possède assez de corps pour nous donner à entendre un « Ach, Ich fülh’s » d’anthologie. Le Français Thomas Dolié est une révélation dans le personnage de Papageno. La voix est souple, le timbre rond et chaud, et le comédien adroit déclanche la joie et les applaudissements du public à chacune de ses interventions. Il forme un couple avec la Canadienne Hélène Guilmette en parfaite adéquation. A les entendre tous deux dans leur duo on souhaiterait que leur intervention ait été plus développée par Mozart. Randall Jakobsch possède les graves de Sarastro, la voix est agréable et bien timbrée. Dans la version d’Achim Freyer, le personnage perd un peu de son aura, et c’est dommage, surtout avec un artiste qui possède un timbre aussi chaleureux.

Depuis la retraite d’Edda Moser, et la rareté des apparitions de Nathalie Dessay, il est bien difficile de trouver une « Reine de la nuit » qui possède à la fois les graves et les aiguës du personnage. Chantal Perraud ne démérite pas, mais la voix manque de grave et de médium, ce qui est un moindre mal dans cette vision où la noirceur du personnage est totalement occultée. Les contre fa sont justes et bien timbrés, les vocalises sont remarquables ; cela suffit à notre bonheur. Pour une fois le rôle de Monostatos n’est pas sacrifié : la voix claire de François Piolino fait merveille dans ce personnage, ce sera dans le futur un excellent Loge et Mime !

La direction de Sebastian Lang-Lessing est vive et légère. Enfin une Flûte débarrassée de ses lourdeurs auxquels trop de chefs nous ont habitués. Les cordes ont la légèreté de bulles de champagne, et les bois gazouillent à l’instar des oiseaux de Papageno. Une grande leçon de direction Mozartienne. En résumé, une ouverture de saison réussie qui augure agréablement le passage de la scène Nancéenne le 1er janvier 2006 au statut si envié d’Opéra National.

B. Niedda

Nancy le 14 octobre 2005.

Mozart en dvd

Photo : DR
 

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