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Multilatérale interprète Jacques Lenot et Betsy Jolas - Au cœur des imaginaires - Compte-rendu

Par le travail au plus près des compositeurs, le collectif Multilatérale donne à l'interprétation de la création contemporaine une allure de compagnonnage. C'est dans cette proximité et cette continuité que l’œuvre peu à peu élaborée prend tout son sens. L'ensemble vient de faire paraître sous le titre Chiaroscuro un disque monographique consacré à Jacques Lenot (né en 1945). Pour célébrer cette parution, le label Intrada a de nouveau réuni le compositeur et les musiciens de Multilatérale – ainsi que le jeune pianiste japonais Yusuke Ishii – pour une soirée où ne figurait aucune des quatre œuvres enregistrées, plutôt la poursuite d'une fructueuse collaboration. Intitulée poétiquement « Secrètement à la nuit », d'après la poète Else Lasker-Schüller qui, au côté d'Hölderlin, a inspiré à Jacques Lenot ses Propos recueillis, d'assez courts mouvements parcourus d'ombres. « Visions fugitives » conviendrait tout aussi bien pour ces notations très proches du journal intime ou d'un sismographe des états de l'âme. Kanako Abe, qui dirige l'ensemble Multilatérale depuis sa création en 2005, saisit bien le clair-obscur qui se dégage des timbres instrumentaux.

Multilatérale est un collectif est vaut aussi bien sûr par la qualité de ses solistes. Créateur du très virtuose Répliques de Jacques Lenot, l'altiste Laurent Camatte était aussi le pivot du concert offert à Betsy Jolas (née en 1926) à l'occasion d'un colloque organisé par le Centre de documentation de la musique contemporaine et de la sortie d'un disque (chez Hortus). Moins de clair-obscur que chez Jacques Lenot, mais tout autant d'invention dans le déroulement de la musique et dans l'exploration du champ des timbres. En soliste pour le superbe Épisode sixième, accompagné par le basson de Lionel Bord pour Fantaisie à deux ou à la soprano Valérie Philippin pour le dialogue amoureux de D'un journal d'amour, Laurent Camatte a été le parfait guide dans l'œuvre de Betsy Joals, où l'alto a toujours eu une place de choix.

Jean-Guillaume Lebrun

Paris, Salle Adyar, 8 octobre ; CDMC, 18 octobre 2012

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Photo : @Multilatérale
 

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