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Moscou Paradis de Chostakovitch à l’Athénée – Tracasseries et divertissements aux temps soviétiques – Compte-rendu

Navigant toujours hors des sentiers balisés de l’art lyrique, le Théâtre de l’Athénée présente Moscou Paradis. Il s’agit d’une pièce composée par Chostakovitch, sur un terrain où on ne l’attendrait pas : celui d’une opérette ou d’une comédie musicale. L’œuvre date de 1957-58 et fut créée au théâtre de l’Opérette de Moscou le 24 janvier 1959. Elle met en jeu les atermoiements et transes de gentils jeunes mariés en quête du logement espéré dans la banlieue de Moscou des temps soviétiques (le titre original, Tcheriomouchki, « Quartier des cerises », fait référence à un quartier moscovite alors de lotissements neufs). Avec une note sentimentale pour rehausser l’intrigue, assez légère et quelque peu bavarde, comme sa musique qui ne suscite guère d’attention particulière entre des airs et rythmes entraînants et sans complication (si l’on omet un joli air plus inspiré). Il faut toutefois se garder de juger l’œuvre à partir de sa transmission à l’Athénée, puisqu’elle est remaniée de différentes coupures, d’adaptations et d’une réduction pour deux pianos et percussions. Selon ce que nous avons pu en savoir, l’orchestration originale, précisément, recèlerait certains attraits, ici disparus.
© Dougados
 
La réalisation, provenant de la compagnie Opéra Louise de Fribourg, où elle avait été étrennée au mois de novembre dernier (et présentée désormais en tournée sous le patronage de l’ambassade suisse), ne saurait, elle, que convaincre. La mise en scène de Julien Chavaz vise juste, avec ses personnages vêtus tout de rose (comme l’avenir radieux promis aux solliciteurs d’un logement), animés de mouvements dansants (dans une chorégraphie de Nicole Morel), entre des décors de façades d’immeubles et d’intérieurs d’appartements croquignolets. Puisé à une distribution internationale, la dizaine de protagonistes s’acquitte valeureusement de sa tâche dans le jeu comme le chant.
Passant allègrement de passages parlés en français et chantés en russe, parmi ces excellents interprètes que sont Sheva Tehoval, William Berger, Seraina Perrenoud, Sergiu Saplacan, Cassandre Stornetta, Nina van Essen ou Alexandre Diakoff (irrésistible de bagout, de nationalité suisse, mais seul originaire de Russie). Jérôme Kuhn dirige l’ensemble d’une battue ferme et appropriée. Pour un divertissement insolite, en ces temps si lointains et forcément heureux (?) du paradis soviétique.
 
Pierre-René Serna
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Chostakovitch :  Moscou Paradis – Paris, Théâtre de l’Athénée, 9 février ; prochaines représentations les 14, 15 et 16 février 2018 // www.concertclassic.com/concert/moscou-paradis
 
Reprise du spectacle à l’Opéra de Clermont-Ferrand les 8 et 9 novembre 2018.
 
Photo © M. Dougados
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