Après une magnifique soirée inaugurale à l’Auditorium de Radio France(1), Mikko Franck et ses musiciens avaient rendez-vous à la Philharmonie pour le premier des quatre concerts que l’Orchestre Philharmonique y donne cette saison.(2)
 
Frêle mais déterminée, allure d’Ophélie, Vilde Frang magnifie le charme du Concerto pour violon de Korngold en véritable fée de l’archet, diaphane et sensible. La soliste compense un manque de puissance par le déploiement d’une sonorité fine, à la poésie immatérielle (très belle Romance), affirmant toutefois une virtuosité arachnéenne dans le final, enlevé avec sensibilité et élégance. Accompagnement savamment dosé de l’orchestre qui sait se faire discret quand il le faut mais aussi déclencher dans les tutti des élans telluriques.
 
Après l’entracte, place au Chant de la terre de Mahler. Mikko Franck saisit avec une merveilleuse musicalité la diversité des climats, brosse de grandes envolées lyriques et donne une unité au cycle. D’une belle santé vocale, le ténor Christian Elsner se montre d’une solidité à toute épreuve, mais la palme revient à la jeune mezzo-soprano Alisa Kolosova, timbre pur, élégiaque et émouvant dans les récitations de L’Adieu portées par des instrumentistes en apnée (le hautbois mordoré de Hélène Devilleneuve, la flûte ailée de Magali Mosnier…). Bien que l’acoustique de la Philharmonie ne facilite pas toujours l’équilibre entre voix et orchestre, le chef finlandais réussit à surmonter ce handicap par son sens inné de la narration, sa force tranquille et son art communicatif de la direction.
 
Michel Le Naour

(1) Lire le compte-rendu : http://www.concertclassic.com/article/mikko-franck-dirige-le-concert-inaugural-de-lorchestre-philharmonique-de-radio-france-beau
 
(2) Prochains concerts : 19 février (dir. Alan Gilbert), 4 mars (dir. Eliahu Inbal) et 21 avril (dir. Mikko Franck)
 
Paris, Philharmonie I, 25 septembre 2015
 
Photo Mikko Franck © Christophe Abramowitz