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Mikko Franck dirige le concert inaugural de l’Orchestre Philharmonique de Radio France – Beau départ – Compte-rendu

Le chef d'orchestre Mikko Franck

Le concert de l’Orchestre Philharmonique, le 18 septembre, était guetté avec une vive impatience. Outre qu’il ouvrait la saison 2015-2016 de la formation, il a surtout marqué la prise de fonctions officielle de Mikko Franck au poste de directeur musical. Dès 2009, le jeune chef finnois a noué des liens privilégiés avec le Philhar et un remplacement au pied levé, brillamment assumé, de Myung-Whun Chung dans une version de concert de Tristan en 2012 à Pleyel a largement contribué à convaincre les « décideurs » que Franck était la personnalité idoine pour succéder au Coréen. On est ressorti du premier concert de la saison avec la ferme conviction qu’ils ont fait le bon choix et qu’une grande aventure musicale et humaine commence, enrichissante pour l’orchestre comme pour son public.

Après avoir assisté à une répétition de la partie straussienne du programme la veille, on retrouve le chef en concert. Il est le même : pas de pose pour la galerie mais une simplicité souriante, une évidente envie de partage musical. Sobre et suggestive, sa battue se révèle d’une précision et d’une autorité indiscutables. Un frémissement du petit doigt lui suffit pour parvenir à ses fins, mais c’est toujours le cœur qui parle. Bienheureuse Finlande qui, depuis tant d’années, investit dans la musique et en récolte à présent les fruits …

Programme inaugural un peu disparate sans doute. Il se conçoit mieux quand l’on sait que Mikko Franck en 1998 (il avait 19 ans) eut le privilège de donner la première de Shadows of Time de Dutilleux en Finlande, en présence du compositeur. Dès lors cette partition trouvait tout naturellement sa place en ouverture de programme. On ne fera pas injure à la mémoire du génial auteur des Métaboles en remarquant que l'ouvrage créé par Seiji Ozawa à Boston en 1997 n’est pas sa réalisation la plus essentielle. Cela dit, on n’a pas boudé le sens des timbres, la capacité du chef à obtenir un résultat d’une parfaite lisibilité mais jamais sec ni désincarné (avec, de plus, au cœur de l’œuvre, une belle intervention de trois voix d’enfants issues de la Maîtrise de Radio France). Mais… vivement que Franck s’empare des Métaboles, de la Symphonie « Le Double », de Tout un monde lointain ou de Timbres, Espace, Mouvement ! Patience…

Le temps pour les enfants de la Maîtrise de prendre place et c’est au tour des Litanies à la Vierge noire de Poulenc de résonner. Ce bref chef-d’œuvre d’un de nos très grands musiciens est restitué avec une simplicité et une pureté idéales. Une fois de plus, chapeau bas à Sofi Jeannin pour la qualité de son travail.
 
L'entracte passé, nous voilà de l’autre côté du Rhin pour deux poèmes symphoniques de Richard Strauss. Vraie leçon d’orchestre et de musique que ce Mort et transfiguration  que Mikko Franck conduit avec un geste aussi acéré que fervent. L’approche fuit comme la peste toute boursouflure : magnifique !
La conclusion s'avère plus souriante : le jeune maestro enlève Till l'Espiègle avec une intelligence, une vitalité, une… espièglerie parfaites. Frémissant de couleurs, le Philhar adhère pleinement à sa conception, aussi spirituelle que narrative.
 
Alain Cochard
 
Paris, Auditorium de Radio France, 18 septembre 2015

Photo Mikko Franck © Jean-François Leclercq

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