Journal

Maurizio Pollini et le Jack Quartet - Cohabitation contrastée - Compte-rendu

Maurizio Pollini a l’art de prendre le public à rebrousse-poil et d’en sortir triomphant. Ce fut le cas, Salle Pleyel, pour le troisième concert du cycle « Pollini Perspectives », avec ce regard croisé entre le 3ème Quatuor «Grido» d’Helmut Lachenmann et de deux sonates de Beethoven.

L’interprétation par le Jack Quartet du dernier quatuor composé par Lachenmann (en 2001) est parfaite de forme et de technique, mais se révèle très clinique et manque de chair. Cette œuvre de plus de vingt-cinq minutes vise à dénaturer le principe et l’idéologie fonctionnelle du quatuor à cordes : les instruments subissent des traitements radicaux dans un ambitus très resserré (à la manière de Webern) où chacune des seize cordes possède une individualité marquée et convaincante.

Après cette démonstration intellectuelle, l’exécution par Pollini des Sonates n°4, et n°8 « Pathétique » (à la place des n°28, et n°29 « Hammerklavier » initialement annoncées) paraît sanguine et d’une humanité communicative. Le pianiste italien n’a certes plus les moyens herculéens qui étaient jadis les siens, mais il sait compenser ses défaillances digitales dans les mouvements rapides par un usage habile de la pédale. Les risques pris sont toujours aussi impressionnants (début de l’Op. 7, final de la « Pathétique »), et les mouvements lents font figure de rêve éveillé. A la différence d’autres solistes, Pollini, outre sa rigueur, possède un sens inné de l’architecture et du discours. Les deux bagatelles données en bis sont de la même veine. Conquis, le public en redemande.

Michel Le Naour

Paris, Salle Pleyel, 18 janvier 2013

> Programme détaillé et réservations de la Salle Pleyel

> Vous souhaitez répondre à l’auteur de cet article ?

> Lire les autres articles de Michel Le Naour

Photo : DR
 

Partager par emailImprimer

Derniers articles