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Matthias Goerne et Christoph Eschenbach à Pleyel - Schubert 1828

Une soirée entièrement dévolue au dernier Schubert, avec deux de ses partitions ultimes. Tout d’abord le Schwanengesang, cet autre voyage d’hiver plus fantomatique encore qui culmine dans le dédoublement du Doppelgänger. Romantisme noir qui tend vers la folie, Schubert ne fut jamais aussi près d’Hölderlin. Puis la réponse pacifiée de la Sonate en si bémol, son trille magique, son autre voyage. On peine à le croire mais le programme est inédit au concert, et il fallait la hauteur de vue de Matthias Goerne et de Christoph Eschenbach pour l’oser.

L’un comme l’autre sont des schubertiens nés, et possèdent l’allant naturel de cette musique, l’un comme l’autre savent être des dramaturges, incarner le récit. D’ailleurs, on peut préparer le concert en l’écoutant en quelque sorte préalablement, puisque Harmonia Mundi publie ces jours-ci la gravure de ces deux œuvres que Goerne et Eschenbach ont enregistrées en 2010 et en 2011(1). Artistes comme ils sont, le concert les montrera probablement sous d’autres éclairages, portés par d’autres intentions, tant ces deux textes sont inépuisables. Mais déjà les entendre au disque procure le frisson : cette voix sombre et mouillée, tendre (Die Taubenpost) et tonnante (Aufenthalt), on ne l’avait plus rencontrée dans le Schwanengesang depuis Hans Hotter lui-même !

Ce piano hanté et poète vient nous rappeler qu’Eschenbach fut toujours chez lui dans l’univers du lied, et le voir revenir à la Sonate D. 960 dont il avait laissé au temps du microsillon une version impavide, l’entendre enfin animer ce marbre sans en perdre le mystère suscitent l’admiration. Vite au concert, pour éprouver tout cela en vérité.

Jean-Charles Hoffelé

(1) Un album de 2 CD Harmonia Mundi / HMC 902140
Matthias Goerne & Christoph Eschenbach
(Oeuvres de Schubert)
11 mai 2012 – 20h
Paris – Salle Pleyel

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Photo : Marco Borggreve for harmonia mundi
 

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