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Mârouf à l’Opéra Comique - Un siècle après

Né en 1873, Henri Rabaud s’était jusqu’alors plus fait remarquer dans le domaine symphonique (La Procession nocturne en 1899) que lyrique quand, une décennie après l’opéra-comique La Fille de Roland, qui n’avait guère fait d’étincelles à Favart en mars 1904, l’ancien élève de Massenet connut le succès avec Mârouf, savetier du Caire, créé sur cette même scène le 15 mai 1914.

« Succès éclatant et du meilleur aloi », écrivait René Dumesnil à propos d’un opéra-comique en cinq actes composé sur un livret de Lucien Népoty inspiré d’un conte des Mille et une nuits. Mârouf ne fut pas moins bien accueilli lors de sa reprise à l’Opéra de Paris en 1928. Entre temps, la partition avait commencé une belle carrière internationale répondant au goût de l’orientalisme du public de l’époque. Après Buenos Aires en 1915, New York en 1917, Bruxelles en 1919 ou Rome en 1920, on l’avait découverte à Zurich en 1924. Un an après la reprise à l’Opéra de Paris, c’est Vienne qui entendit Mârouf, sous la baguette de Franz Schalk et dans des décors d’Alfred Roller. Le succès se prolongea jusqu’à la seconde guerre mondiale, mais l’ouvrage s’est ensuite fait infiniment plus rare. On guette avec curiosité donc une nouvelle production qui clôt la saison de l’Opéra Comique, un siècle presque exactement après la création.

Avec Jean-Sébastien Bou (Mârouf), Nathalie Manfrino (Princesse Saamcheddine), Nicolas Courjal (Le Sultan), Franck Leguérinel (Le Vizir), Frédéric Goncalvès (Ali), Doris Lamprecht (Fattoumah) et de jeunes voix issues de la belle pépinière qu’est l’Académie de l’Opéra Comique, la partition de Rabaud met bien des atouts de son côtés. Sans parler de l’excellente baguette d’Alain Altinoglu, à son aise dans le grand répertoire autant que dans des partitions rares (1), qui dirige ici les musiciens du Philharmonique de Radio France. Jérôme Deschamps signe la mise en scène (décors d’Olivia Fercioni, costumes de Vanessa Sannino) et nous promet « un voyage vers des contrées imaginaires pleine de saveurs et d’exotisme ». Comment Mârouf, jadis si populaire, a-t-il résisté à l’épreuve du temps ? Réponse à partir du 25 mai.

A ne pas oublier enfin, le rituel cycle des « Rumeurs » avec, entre autres, une projection du film Louise d’Abel Gance (le 30 mai) et un programme « Faune » (Schœnberg, Debussy, Verrières) par l’Ensemble Ictus (28 mai).

Alain Cochard

(1) Réalisé l’an dernier dans le cadre du Festival de Montpellier, l’enregistrement de Thérèse de Massenet, avec une remarquable Nora Gubisch dans le rôle-titre, vient de paraître dans la collection Opéra français du Palazzetto Bru Zane.

Henri Rabaud : Mârouf, savetier du Caire
Les 25,27,29 et 31 mai, 2 et 3 juin 2013
Paris – Opéra Comique

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Photo : DR
 

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