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Lost in the Stars en création française au Festival de Saint-Céré - Weill ultime

La dernière oeuvre pour le théâtre musical qu’acheva Kurt Weill et probablement sa plus méconnue. On n’explique pas cette injustice, d’autant que le livret de Lost in the Stars écrit à quatre mains avec Maxwell Anderson est d’une force certaine, et que l’œuvre peint avec autant de profondeur une communauté de noirs (cette fois sud-africaine, mais la transposition dans le sud des Etats-Unis est aussi fréquente qu’évidente) que ne l’avait fait quinze ans plus tôt DuBose Heyward et les frères Gershwin avec Porgy and Bess.

D’ailleurs l’oeuvre rencontra un certain succès, et elle ne quitta pas l’affiche du Music Box Theater sur Broadway durant toute la saison 1949-1950. Weill et Anderson, s’inspirant du tout récent Street Scene (qu’Olin Downes, fameux critique du New York Times avait considéré comme « une étape décisive vers la concrétisation d’un drame musical typiquement américain ») composèrent une brève mais foisonnante partition, dont l’implacable ligne droite n’est pas sans rappeler celle du Viol de Lucrèce de Britten.

Musique simplement prodigieuse, où les auteurs réemploient avec art quelques songs écrits durant les années trente pour Paul Robeson et Bill Robinson, et qui ont seuls survécus : on peut tous fredonner « Trouble Man » ou « Lost in the Stars », popularisés par Lotte Lenya et repris par tant d’autres, dont Ute Lemper. La troupe Opéra éclaté du Festival de Saint-Céré nous fera découvrir (en création française s’il vous plaît) l’œuvre dans son intégralité.

Nul doute que la régie d’Olivier Desbordes en retrouvera l’esprit inventif et militant, aidé par une fine troupe de chanteurs. On guettera particulièrement le Leader d’Erik Vignau et le Prêcheur de Jean-Loup Pagesy, sans oublier Joel O’Cangha dans le rôle de son fils et Amandha Seethanen dans celui d’Irina, tous placés sous la direction de Gaspard Brécourt.

Jean-Charles Hoffelé

K. Weill/M. Anderson : Lost in the Stars
Les 5, 8 et 14 août 2012
Théâtre de l’Usine
Festival de Saint-Céré
www.festival-saint-cere.com

Pour se familiariser avec l’œuvre on pourra rechercher l’exceptionnel enregistrement réalisé par les solistes et la Compagnie Lyrique de St. Lukes dirigé par Julius Rudel (1 CD MusicMasters 01612-67100-2)

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Photo : DR
 

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