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L’Orfeo de Monteverdi à l’Amphithéâtre de la Bastille - Flatteuse fin de saison - Compte-rendu

De mémoire récente, L’Orfeo de Monteverdi n’avait pas été vu représenté à l’Opéra de Paris. C’est désormais chose faite avec le tout dernier spectacle de l’Académie de l’Opéra, et chose bien faite. Il s’agit en quelque sorte du spectacle lyrique de fin de session, on n’ose dire de fin d’année, de l’équipe actuelle des artistes en résidence dans cette école de pratique et de transmission que constitue l’Académie. Une production en forme de bilan, et un bilan particulièrement flatteur.
 
Le plateau vocal à l’Amphithéâtre de la Bastille rassemble ainsi les nouvelles recrues, qui s’essayent cette fois à Monteverdi, après Janáček, Rameau et l’opéra contemporain (1). Avec une égale maîtrise. Pauline Texier, Gemma Ni Bhriain, Mikhail Timoshenko et Yu Shao, confirment un talent déjà émergeant dans les précédents spectacles. Mais Laure Poissonnier (Eurydice déliée), Emanuela Pascu (Messagère d’une voix ferme de quasi-contralto) et Tomasz Kumiega (Orphée d’une plénitude confondante) justifient amplement les rôles principaux qui leur sont dévolus. Andriy Gnatiuk et Damien Pass, ces grands anciens (si l’on peut dire) de l’Académie, leur portent le soutien ferme de leur déjà respectable carrière. 

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Tout juste sortis de la création de Marta de Wolfgang Mitterer (!) à l’Opéra de Lille, Les Cris de Paris, ensemble instrumental, chœur et solistes, dont les excellents Alban Dufourt et Adèle Carlier, fournissent mieux qu’un appoint, dans une précision d’ensemble et une belle adéquation expressive. Les parties chorales souffrent cependant de quelques manques d’acuité dans leurs parties vives, soumis à une vivacité de déplacements scéniques qui d’abord les dessert ; mais pour ensuite chanter d’un seul élan. L’orchestre des seize instrumentistes sonne à ravir et à plaisir dans l’acoustique décidément favorable de l’Amphithéâtre. Puisque le tout est placé sous la battue expérimentée de Geoffroy Jourdain.
 
Pour ses premiers pas dans la mise en scène d’opéra, Julie Berès réussit, avec l’assistance de Mirabelle Ordinaire (venue de l’Académie), à mêler animation et onirisme, ingrédients a priori peu conciliables. Les plateau recouvert de gazon moussu et parsemé de caissons et peaux de bêtes, fait ainsi défiler des êtres vêtus de hardes ou de fuseaux dans des mouvements ou situations clairement campés. Au sein d’éclairages savamment dosés (par Cathy Olive) et de chorégraphies enlevées (par Stéphanie Chène), pour un spectacle ardemment mené.
 
Pierre-René Serna

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(1) Voir :
www.concertclassic.com/article/la-petite-renarde-rusee-lamphitheatre-de-la-bastille-gambades-et-espiegleries-compte-rendu
www.concertclassic.com/article/la-belle-mere-amoureuse-lamphitheatre-de-la-bastille-parodie-dans-la-parodie-compte-rendu
www.concertclassic.com/article/vol-retour-lamphitheatre-de-la-bastille-pingouin-et-martien-compte-rendu

Monteverdi : L’Orfeo – Paris, Amphithéâtre de la Bastille, 11 mai ; prochaines représentations : 13, 17, 19 et 21 mai 2016 - www.operadeparis.fr/saison-15-16/opera/lorfeo
 
 
Photo © Studio J'adore-ce-que-vous-faites

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