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L’Orchestre Symphonique de Bretagne et François Dumont à Gaveau – Retour remarqué

Il y a une paille que l’Orchestre Symphonique de Bretagne ne s’était produit à Paris - à Gaveau sauf erreur. La formation installée à Rennes a retrouvé la capitale il y a peu en compagnie de François Dumont (photo). A la curiosité d’entendre les musiciens bretons (dont Grant Llewellyn assure la direction musicale depuis la rentrée 2015) s’ajoutait celle de retrouver le pianiste français sur la scène de la rue La Boétie. Quelques semaines après un magnifique récital (1), il apparaît cette fois dans le double rôle de soliste et de chef pour un concert tout mozartien réunissant les Concertos nos 17 et 23 et l’air de concert « Ch’io mi scordi di te » KV 505 - étonnante et admirable pièce dans laquelle soprano (Helen Kearns en l'occurrence) et piano dialoguent. Un programme qui ne surprend pas dans la mesure où François Dumont a entrepris un enregistrement intégral des concertos du musicien autrichien avec l’OSB.
 

Helen Kearns, François Dumont et l'OSB © Helen Kearns

D’abord trouver ses marques : le pianiste et ses partenaires les cherchent parfois un peu dans le Concerto n° 17. Quelques équilibres imparfaits (pas simple du point de vue acoustique, ne l’oublions pas, qu’un piano sans couvercle, queue enchâssée dans l’orchestre), quelques scories –  vénielles –, mais sûrement pas de quoi altérer le bonheur de savourer le jeu d'un interprète toujours aussi naturel et humble dans sa démarche. Son intelligence stylistique n’offre jamais de rien de professoral ni de compassé ; elle est toujours lyrisme et vitalité bien comprise – pures merveilles que ces cadences lumineuses et poétiques, aucunement frimeuses.

Dumont, dont on suit avec attention le parcours depuis ses débuts, ne cesse d’étonner par l’étendue de ses possibilités ; cette fois, on reste admiratif de l’art avec lequel il suscite et canalise la belle énergie collective de ses partenaires, tout en assumant pleinement la partie de clavier. Une énergie et un engagement qui caractérisent aussi le « Chio mi scordi di te », pleinement vécu par H. Kearns - pas moins charmeuse dans la mélodie traditionnelle irlandaise offerte en bis.

Les marques sont pleinement trouvées en seconde partie et le Concerto en la majeur K. 488 exhale une poésie intense, une évidente simplicité, avec le concours d'un orchestre dont le relief (bravo l’harmonie !) et la cohésion forcent l'admiration. « Mozart chante avant de naître, écrivait Suarès : rythme et mélodie, sa vie est le chant perpétuel ». Dumont l’a compris, avec l’humanité et l’infinie tendresse des grands mozartiens. Ils sont rares.

Alain Cochard

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Paris, salle Gaveau, 19 avril 2017
 
(1) www.concertclassic.com/article/francois-dumont-en-recital-la-salle-gaveau-et-bientot-la-folle-journee-lart-de-lessentiel

Photo © Jean-Baptiste Millot

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